C'est libre que je suis meilleur

Primitif instinct / Préface d’un roman / Je savais / Pensée lointaine / L’homme et le poète

"Pardon, madame !" ai-je envie de dire à celle qui passe dans la rue et qui emmène mon regard accroché à ses pas qui battent le trottoir.

Préface de roman

Rester suspendu au rythme de l’absence et sentir la vie s’en aller, goutte par goutte jusqu’aux ténèbres de l’au delà. Telle est la sensation du vieillard, assis dans son coin. Loin des bruits et des courants d’air. Quand il fermait les yeux, ce sont des flashs qu’il entrevoyait et si, la plupart du temps, il ne distinguait qu’un visage, une scène ou des flocons de lumière, parfois, il lui arrivait de revoir tout un pan de sa vie comme le soir où il a pu, sans rien faire, refaire le parcourt du premier regard qui a, par la suite, transformé sa vie. Il avait dix neuf ans quand il décida, sans vraiment le vouloir ou le savoir, d’en faire la première page d’un roman qu’il jurait d’écrire avec les plus belles expressions et, surtout, de nouveaux mots. En ce temps, il avait cette foi sincère et profonde dans le sourire et le regard qui lui confirmaient qu’il avait fait le bon choix. Le premier rendez vous, le premier baiser étaient conformes au traditionnel conte d’amour des mille et une nuits. A aucun moment, le doute n’est venu déranger sa certitude et pas un instant, il n’avait pensé que le mensonge pouvait prendre l’apparence d’évidente vérité. Aujourd’hui, quand il ouvre les yeux, il s’étonnait comment n’a-t-il pas pu distinguer le faux du vrai. A bien réfléchir, à cet âge, l’amour était sincère et ce qui ne l’était pas, c’était la manière avec laquelle chacun voulait le consommer. A cet âge, toujours, il était convaincu que, quand dans un couple uni par l’amour, celui qui penserait à manipuler l’autre commettrait un double délit, celui d’abus de confiance et celui d’abus de faiblesse. Quand il referma ses yeux, il se vit entraîné dans le sillage d’une entreprise dont il ne contrôlait plus rien. Il se voyait cantonné dans une expectative, à la fois, pitoyable et passive. L’autre avait sauté le pas vers ce narcissisme pervers qui, sans aucun scrupule, avait tout accaparé pour son seul et unique bien être. Tout se décidait loin de son regard et il ne se sentait important que par la lointaine perspective d’un compte en banque. Il passait des jours, des semaines sans prononcer un mot, ou toucher un billet de banque. Il n’était là que parce qu’il était encore vivant. Il bougeait, il se levait pour venir manger et, la plus grande partie de ses journées, il dormait. C’était sa manière d’agoniser. La mort avait déjà rempli le formulaire d’entrée et il s’ennuyait à attendre son tour. Il voulait partir mais pour de bon. Quand il songea, un jour au suicide, il y vit comme un acte indigne de sa conscience des êtres et des choses. Il était malade, peut être, vieillesse oblige, mais il était, surtout, malade des autres, malade d’avoir été trompé et manipulé, malade face au mensonge utilisé pour l’asservir au point qu’il ne donna aucune importance aux gestes qui nouaient la corde autour de son coup.

Zarounette Za C est tellement révélateur et bien réelle de la vieillesse

Je savais

que derrière la poussière
des bavardages inutiles,
il reste, encore, un peu de ce parfum
qui, un jour, avait dessiné le vertige
qui s’échappe des souffles confondus.
Je savais
que derrière ma colère,
il y a tant de joie à cultiver,
tant de baisers à déchirer
sur l’haleine chaude des confidences.
Je savais
que l’amour est comme un insecte
qui pond ses œufs en profondeur,
entre le cœur et la fraîcheur
des complicités fabriquées.
Je savais
qu’aucune tempête n’est capable
de balayer ce qui reste du serment
qui, un jour, scella deux destins
pour le meilleur des journées heureuses
et le pire des nuits sans sa présence.
Je savais
que dans le regard qui contemple
le long chemin derrière nous,
il y a tant d’envie et de soupirs
mais la lune qui surveille nos sommeils
est un phare qui protège le désir
que chaque matin nous réveille.
Je savais
qu’elle savait qu’en moi se cache,
sous l’épiderme qui a soif d’elle
il y a tant d’amour que la source suffoque
à trop vouloir tout déverser ou tout boire.
Je savais
que toutes les relations toxiques
ont, au début, un gout de miel artificiel
et quand vient le réveil, il donne au corps
la torpeur qui accueille, sur la plage,
le naufragé qui s’accroche à son épave.
Je savais
que le pardon refleurira entre les mots
que ma colère avait poussés dehors
comme je savais que quand on aime
on est incapable de faire souffrir le cœur
qui, maladroit a failli tout détruire,

Pensée lointaine

S’il me fallait réciter la litanie des amants perdus pour la voir revenir. S’il fallait déchirer tous mes cahiers remplis de chagrins, de joies et de regrets. S’il fallait simplement revenir à cette nuit de grâce où j’ai respiré son désir silencieux, je serais le premier à le faire. Je l’ai vue venir, si simple dans sa beauté particulière, je l’ai regardée vivre comme une femme fine et je me suis mis à rêver d’elle, délicieuse et fraîche comme une vierge ondée, comme une rosée légère qui panse les blessures des fleurs fanées.
J’ai voulu lui dire l’admiration qui me servait de souffle quand elle venait partager mon café solitaire. J’ai essayé, à maintes reprises, d’écrire avec des regards, tout le bonheur qu’elle me laissait après son départ. Je devinais qu’elle savait et elle savait quel effet elle faisait à mon cœur ravagé par le jour monotone. Elle aimait à trouver chez moi, le sourire des gens qui savent vivre l’instant d’un bonheur éphémère et j’aimais à sentir en elle le bonheur d’être femme et la chance qu’elle avait de me plaire.
Elle est loin, au delà de l’horizon que brûle le soleil, derrière des lignes et des lignes sur la carte qui s’affiche quand je pense à elle. Et je pense souvent à elle. Je revois alors la folle chevelure fauve qu’elle arrangeait pour m’éblouir. Mon regard s’installe et je me surprends parfois, à, plus, regarder ses lèvres qu’à écouter sa voix. Elle me submergeait sans cesse, comme une vague chaude sur le sable des Caraïbes. Je me laissais envahir par sa présence comme vaincu par cette ivresse que seule les femmes belles savent procurer avec intelligence. Je la vivais présente comme une prière qu’on voudrait exaucer pour elle, juste pour elle.
Loin des vulgaires passions qui ternissaient les épidermes, je me plaisais dans ma folie de la vouloir comme un plaisir interdit que l’on ose consommer en plein jour. Sa fragile prestance étourdissait le savoir que j’avais des femmes qui se savent féminines, et elle, n’était pas seulement jolie, elle était particulière !
Cette page que je viens de noircir, c’est à chaque fois pareil, le besoin que j’ai de la revoir, demain peut être, sûrement un jour. Je sais que si elle est vitale à mes rêves jamais terminés, je suis indispensable à son assurance d’être « Elle » !
Nous pouvions voguer, en silence, sur les pensées futiles de ceux qui nous entouraient. Elle sentait mon regard, sous mes paupières baissées, dessiner ses contours et, comme dans une torpeur partagée, elle fermait les yeux pour lire mes poèmes imaginaires. Nous étions alors, ensemble en rêve, comme des amants, pieds nus, au bord d’une rivière. De temps à autre, un mot, une expression et à chaque fois, je sentais son besoin de vouloir continuer, à marcher au bord de l’eau, à imaginer ce que serait l’amour, si elle avait été là, à l’éveil du fleuve d’hormones qui a transformé son corps. Si j’avais été là, pour elle, au sortir de son premier chagrin.
Ma main invisible soulevait la nuit pour imaginer son corps comme une terre qui frissonne à l’abri des regards. Je la voyais s’arranger pour donner à son corps la meilleure posture pour mieux me laisser la parcourir. Elle soulevait le bras pour laisser passer mon plaisir à la sentir respirer. Sous ma paupière baissée, j’eus même la chance de sentir son souffle comme un parfum brûlant, le cœur au bord de l’ivresse quand elle ouvrit les yeux, reprit conscience du monde ignorant son escapade imaginaire.
Son regard fit le tour et s’arrêta sur moi, toujours absorbé par ma léthargie délicieuse et je l’entendis murmurer, comme pour moi seul: « Ton feu est en train de mourir ! ».

Le prince, émerveillé dit à la danseuse:

« Belle femme,
fille de la grâce et de la joie,
d’où vient ton art ?
Comment peux-tu maîtriser
la terre et l’air dans tes pas,
L’eau et le feu dans ta cadence ? »

La danseuse se baissa devant le prince et dit :

« Votre Altesse,
Je ne saurais vous répondre
mais je sais que :
L’âme du philosophe
veille dans sa tête,
L’âme du poète
vole dans son cœur,
L’âme du chanteur
vibre dans sa gorge,
Mais l’âme de la danseuse
vit dans son corps tout entier ! »

Jabran Khalil Jabran

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Primitif instinct

  • « Pardon, madame ! » ai-je envie de dire à celle qui passe dans la rue et qui emmène mon regard accroché à ses pas qui battent le trottoir.
  • Pardon de ne pouvoir contrôler mes paupières et les muscles de mon cou, coupables du refus d’obtempérer aux ordres de la morale établie.
  • Pardon pour le plaisir que tu réveilles quand l’habit sur toi est presque inutile et que tu fais semblant de ne rien montrer mais, ta démarche trahit ton charme et tes courbes dessinent sous la toile informe, des rondeurs à conquérir.
  • Pardon si je refuse de ne pas voir, dans les laideurs de la rue, un peu de grâce sur la hanche fière ou les seins qui frissonnent.

Quand tu passes, sous les artifices des hommes qui veulent amputer ta féminité.

Tu as beau vouloir être invisible mais chaque geste est une offrande au regard qui a soif de soleil. Quand l’objet te cache à ma vue, je m’accroche à la finesses des chevilles et imagine le reste comme un repas de condamné à l’abstinence.

  • Pardon pour l’insulte qui transpire quand malgré moi, je t’imagine mienne comme un rêve qui devient destin, comme une joie qui n’est pas mienne et que pourtant je revendique.

Peux-tu m’en vouloir en te voyant, d’ignorer ta présence comme un hypocrite qui se confirme derrière le sourire qui ne veut rien dire ? Comment pourrai-je faire taire la soif qui me réveille le matin et m’accompagne jusqu’après la mort du soleil ? Soif de beauté dans le regard qui arrive comme une ivresse étrange, dans la bouche qui dessine des mots sur tes lèvres humides et entre les seins que je devine insolents et fermes comme le fruit cher de la première récolte, soif de pouvoir laisser dormir ma main sur le vertige des hanches pleines et hospitalières, soif des mots qui ne veulent rien dire quand tu te plais à t’entendre alors que je m’efforce à t’écouter, saisi par l’épaule ronde qui offre sa nudité à la caresse qui s’attarde sur le galbe des bras qui annonce ma défaite.

  • Pardon de ne pouvoir être plus fort qu’Adam qui a, semble-t-il, par amour pour toi, préféré ta présence au paradis allant jusqu’à offenser son Dieu pour toucher l’épiderme qui lui montre le chemin de l’ivresse profonde.
  • Pardon si ma langue se fige, mon cœur prend peur et mon souffle s’aiguise quand je te vois venir comme une reine qui s’ignore. La rue garde le silence et tous mes tracas disparaissent pour un peu de cette joie que tu prodigues. Immobile et silencieuse, étoile mouvante ou fleur odorante, comme un volcan de volupté ou la source fine sous la fougère qui te protège. Où trouverai-je la force d’échapper à l’emprise que, sans le vouloir, tu jettes comme un filet de pécheur, sur ma raison déjà soumise et ma conscience confondue ?

Pourrai-je trouver la volonté de résister quand, avec un mot simple,
tu terrasses mon besoin de te fuir pour échapper aux flammes du désir ?
Ne pas te regarder quand je sens ta présence est, pour moi,
l’ultime hérésie que je m’abstiens de commettre simplement
parce que je suis un homme, simplement pour rester un homme.

  • Pardon d’aimer te voir, te regarder jusqu’au désir et me noyer dans la folie de te vouloir.

© (Rêveries interdites)

Houria Elkholti Doit-on culpabiliser alors que les rêves n’ont jamais été interdits ?

Hannah Adan Fantastique poème !
Nourr Edine, chaque fois que je lis un de tes textes, je suis émue.
Merci pour la beauté de tes mots

Nadia EL Oufir Pardon si des frustrés s’emballent en te lisant Nourr Edine

Mohamed Najib Elhammouti Chapeau bas…
Très élégants propos…

L’homme et le poète

Roméo agonise sous le balcon
Le poète ramasse son balluchon
et, le cœur lourd, se dirige vers la porte.
Le rideau tombe doucement
en soulevant la poussière.
Les lumières s’éteignent
et la salle plonge dans le noir.
Le texte s’effrite et se désagrège.
les mots échouent dans le silence.
Comme un drapeau oublié,
l’histoire perd sa consistance
et comme une fontaine qui trône
au milieu de la place déserte,
les cœurs cessent de battre.
L’amour se meurt et se tortille.
Il y a longtemps qu’il a voulu crier que
les fleurs se fanent par manque d’attention
et rien n’est plus mortel que l’habitude
qui, en s’installant, fait durcir le regard.
Entre le calme de la chambre qui
protège l’intimité des corps épris
et le bruit de la rue qui ignore tout
du baiser délicat ou la caresse fine,
les âmes choisissent de mourir
plutôt que respirer la poussière
des mots qui ne savent rien dire.
Avant, j’étais Roméo et le poète,
aujourd’hui, aucun parfum ne suinte
de mon corps devenu amorphe.
La douleur, campagne discrète,
chante, à ma place, les vers d’antan,
je ne trouve plus aucune musique
aux phrases qui tombent devant moi.
J’ai du, hélas, changer de métier
depuis que l’homme et le poète ont déserté
ce qui reste de vie dans mon orgueil.
Je sais maintenant qu’il y la mort certaine
qui attend, inflexible, chaque existence
mais il y a, aussi, cette mort discrète
qui tue, en nous, ces envies folles
de se fabriquer un destin convenable
à l’ombre des amours éternelles.
On ne meurt vraiment que quand
on a décidé de cesser d’aimer !.

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