C'est libre que je suis meilleur

Histoire simple / Un palais dans ma tête /

Histoire simple

La fleur, sous le soleil des plaines désertes, s’ennuie de l’insecte qui tarde à la rejoindre, elle s’épuise à parfumer le silence qui l’entoure et doucement le jour s’étire sur la hanche légère qui dort encore. L’homme s’étonne, entre le café brûlant et la cigarette qui se consume, cherche sur la page de journal, une image qui plait, une nouvelle qui réchauffe ou une chance qui sourit, en vain. Tout n’est que torture et plainte pour la conscience humaine.
Elle gémit un instant, sa main se tend sur la trace encore sur l’oreiller avec le relent d’un rêve qui se confond avec la réalité de la veille. Elle rembobine le temps jusqu’aux caresses qui dévoile, dans le noir de la chambre, le plaisir d’être femme, le bonheur et la chance de plaire. Que demanderait-elle de plus que ce destin qui s’écrit sur son épiderme, ravagé par la tornade qui la bouscule quand elle décide d’être désirable ?
Il pense à ces milliers d’enfants devenus orphelins à cause d’une bêtise appelé pouvoir.
Elle se revoit offrant la volupté aux lèvres qui circulent dans l’entre seins qui se veut sensuel.
Pourquoi, se dit-il, ces hommes devenus puissants en manipulant les urnes, ne songent-ils pas à sortir, avec leur fortune pour laisser les peuples se débrouiller tout seuls ?
Elle se retourna pour se découvrir nue sous la légèreté du drap qui cachait son corps au matin déjà devenu chaud. Elle regarda sa jambe nue et se rappela le plaisir qu’il avait à la parcourir avec douceur, à l’admirer avec envie en jurant qu’il en était fou.
Il s’intéressa à l’article sur les hommes au pouvoir et devant le faste de leur vie, il se demanda si, au milieu de leurs demeures dorées, ils arrivaient à se voir comme hommes et femmes. arrivaient-ils à aimer et si oui, les cœurs qui aiment peuvent-ils accepter le mépris qu’ils nourrissent envers ceux qui les ont mis là où ils sont arrivés ?
Elle se rendit compte qu’elle était entièrement nue et esquissa un sourire en pensant au bonheur que l’amour peut prodiguer quand le besoin de l’autre est important. Elle mit pied à terre, se leva, chercha sa robe de chambre qu’elle enfila et se dirigea vers le salon, où il avait l’habitude de prendre son café et lire son journal. Elle s’approcha par derrière, l’enlaça et, en déposant son journal, la seule question qui le démangeait était celle de ces organisations internationales qui assistaient, en spectateurs, au massacre des milliers d’innocents. Il se retourna pour dire bonjour, chacun, en déposant le baiser matinal sur les lèvres de l’autre. Il manœuvra la télécommande et l’image jaillit sur l’écran: Images de l’horreur, quotidienne, presque toujours la même depuis que la guerre s’était installée dans ce pays frère. Il était écœuré, presque malade, tant par la cruauté insensé du grand cousin arabe manipulé par la Russie que par la passivité des autres pays frères, arabes et musulmans !
Son regard le tira de sa colère en apercevant le sein qui reposait dans l’échancrure de la robe et quand ses yeux se levèrent vers ceux de sa campagne, l’ange passa au dessus de leurs têtes déjà gagnés par le désir. Désir d’oublier le monde, désir de s’oublier dans le seul plaisir qui lui reste dès qu’il revient du monde qui s’acharne à s’autodétruire.
Les bruits de la rue venaient effleurer leur besoin à ne plus être, à ne vivre que pour eux et à ne penser à rien d’autre qu’à ce qui devait unir les hommes et les femmes, cet acharnement à vouloir un monde où les armes seront remplacés par le dialogue, principale qualité qui nous sépare de la barbarie.
Elle se laissait gagner par le plaisir d’être femme.
Il luttait contre la colère qui lui désignait son impuissance à ne rien pouvoir faire.
Elle ferma les yeux pour ne plus être que le réceptacle de l’irrésistible envie qu’elle savait offrir et il se mit à s’oublier dans la chaleur que ses lèvres récoltait sur le corps magique qui l’emportait comme un tapis volant dans le ciel de Damas, livré aux canons des mortiers et des tanks qui tiraient sur les immeubles vides.
Elle sentit comme un fil qui se cassait dans ce discours charnel qu’elle voulait prolonger quand la bouche hésita sur le téton dur qui attendait.
Il leva la tête vers l’écran envahisseur, le Mig 23 était en flammes et tombait en vrille sur les faubourgs de la capitale. Le speaker annonça que l’avion de chasse qui terrorisait la ville venait d’être abattu par des jeunes révolutionnaires qui se battaient pour leur liberté.
Il pensa alors, en murmurant, « Il vaut mieux mourir debout que vivre à genoux ». Il but une gorgée de son café devenu froid quand il entendit, sa campagne dire en refermant sa robe: « Che Guevara n’est pas mort pour rien ! »
  • Il y a tant à dire sur ce regard marqué déjà par le temps ….
    Très beau regard , visage magnifique , innocence
    Waooo avant de lire quoi que ce soit des yeux magnifique et un regard plient d espoir merci nour
    Elle est d une beauté empreinte de pureté, et ces couleurs qu elle portent rehaussent encore plus cette expression angelique. Merci Nourr pour ce commentaire qui n est qu évidence

J’aurai pu choisir la photo de ces femmes qui inspirent et qui à défaut de les atteindre, réveillent le fantasme et secoue le désir. Je me contente d’aller dans le Maroc profond et rencontrer des fillettes qui, si on les imaginait en Suède ou à Hollywood, crèveraient l’écran et, avec l’âge et les sciences du Show business, deviendraient des sexe-symboles adulés.

Un palais dans la tête

Et puis je suis entré dans ce palais qui, dans ma tête, a toujours existé. Mieux encore quand, depuis l’âge de cinq ans, je l’ai connu comme une cabane en bois, au fond de cette foret, au milieu des arbres, des fougères et des étangs. Cabane faite de bois mort récupéré sur les rivages de ma conscience. Au fur et à mesure que j’apprenais à penser l’outil qui s’adapte à la fonction, j’ai ouvert des fenêtres, donnant sur le Sud pour avoir, chaque jour, la trajectoire du soleil, de l’aube au crépuscule. J’ai compté les oiseaux qui venaient boire à la fontaine qu’un de mes grand pères avait oublié là, près de la longue chaise où il venait prendre son café. J’ai retapé la cuisine pour faire disparaître la suie noire qui couvrait ses murs, j’ai installé, près de mon lit, un bouddha en argile, un peu comme pour avoir une présence qui calme mes ardeurs et temporise mes colères. Bien que je ne crois à aucun de ces dieux dont les hommes s’évertuent à en énumérer les foudres et les enfers, je savais, avec une foi profonde, que ce qui réveille la chrysalide pour la métamorphoser en papillon ou sous les feuilles mortes, fait jaillir la source d’eau fraîche qui ira courir vers le grand fleuve qui fait nourrir les champs et les villages, il y a cette entité, invisible et bienveillante qui, au lendemain de ma naissance à fait naître dans mes jambes, l’envie de marcher, puis de courir, danser, sauter ou simplement rester debout pour m’imprégner de vie et d’espoir.
Je grandissais et dans ma tête, mon palais s’ornait de marbre et d’or. Plus j’apprenais à vivre et plus l’édifice apparaissait, au milieu des champs de mauvaise foi et de faux semblant, comme un phare qui m’indiquait que j’avais raison de ne pas compter sur les autres. Ce palais, au milieu de ma tête, était mon refuge quand je découvrais qu’un proche pouvait trahir, une campagne peut mentir ou un ami, te fausser compagnie juste au moment où on a besoin de lui.
A chaque mésaventure, je courrais jusqu’à la plus haute tour pour ne voir, ni le visage hideux de ceux et celles, qui dans leur tête, n’avaient que désert et terrains vagues, ni l’état du monde quand le sang et la mort ont envahi ses rues et, je restais, là, à admirer l’étendue de la vue au dessus du monde où bouillonnaient la haine, la peur et la crainte. Là haut, il n’y avait, au dessus de cet océan de nuages, que paix et silence, parfois interrompus par une musique qui courrait le long des rayons du soleil, le jour ou la lune, la nuit, celle des mots que je me surprenais à murmurer aux visages que j’aurai dû voir, ceux des êtres qui, comme moi, avait, chacun, un royaume dans leur tête. Je n’étais plus l’homme qui s’obstinait à combattre les dérives et les perversions mais le ménestrel qui chante la beauté des amours véritables, celles qui envahissaient les cœurs jusqu’à les transformer en moulins à vent qui brassaient la joie des rencontres et le bonheur d’être ensemble.
A chaque fois, ce sont des mots nouveaux avec une musique, toujours nouvelle qui bercent ces instants où je reprends vie, où l’espoir qu’un jour, les gens seront meilleurs, devient réel. Le silence reprenait mes mots pour les répandre derrière l’horizon. Là bas, peut être, ma voix parvenait à détendre les atmosphères et permettait aux fleurs de s’étirer pour que tout devienne, comme dans mon palais, qu’amour et amitié !
Le miracle, ce n’est ni le palais dans ma tête ou les mots que j’arrivais à fabriquer mais bien ce pouvoir à prolonger le coucher de soleil pour profiter de ses couleurs ou celui de garder la nuit, plus longtemps pour que s’apaise, en moi, cette colère que je ramène avec moi, à chaque fois que je fuyais le monde.

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