C'est libre que je suis meilleur

Rayan

Enfant de 5 ans, tombé dans un puits et, pendant cinq jours, tous les effort d'un pays pour l'en sortir...

Témoignages:

Dalel Jemni Djerba Tunisie: Sublime comme toujours cher ami.

Samir Naitali « Un enfant de cinq ans a donné une des meilleurs leçons que tous les prophètes ont voulu transmettre et qu’aucun n’a voulu comprendre »
Et puis,
« 
Combien sont ceux ou celles qui refuseraient d’être à sa place ? »

Belghazi Kasbaoui : Nos médias sont avares quant à la diffusion des péripéties de sauvetages :heureusement les paraboles dans les cieux des médias nous rassurent tant bien que mal sur le déroulement de l opération de sauvetage
Fabuleux et triste au même temps

L’enfant du Monde

Cette sacrée tunisienne qui appelle pour avoir des nouvelles de l’enfant Rayan a failli me faire pleurer avec son accent de mère qui craint pour son enfant. Partageant sa douleur et celle de ses compatriotes qui s’inquiètent. Sa sincérité est telle qu’elle fait d’un incident, un miracle, une joie et une douleur. Ce que n’ont pas pu réussir tous les staffs de la diplomatie, un petit bout de chou de cinq ans l’a accompli. Cœurs déchirés des mères qui se mettent à la place de l’enfant qui, au bout de trois jours, résiste et lutte. Quel courage ! Quelle expression de la vie, de l’empathie, de la solidarité de l’obstination et de la volonté humaine…
Généralement, dans un cas pareil, nous avons la belle habitude de profiter de la prière du Vendredi pour distribuer du pain aux pauvres devant les mosquées… C’est ce que nous appelons l’impôt du cœur pour remercier Dieu !

Nous avons fait peur à l’ange

Ils ont fait peur à l’ange qui se préparait à venir. Au lieu du silence digne des prières véritables, ce sont les cris de la foule qui ont repoussé la lumière du miracle. Quand donc comprendront-ils que les foules hystériques terrorisent les enfants ? Des meutes comme celle qui vit parmi nous et qui se présente comme étant « la justice » et « la charité », à chaque fois que des groupes se forment, envoient des piromanes pour allumer le feu de l’enfer ici bas, avant l’au delà. Ce sont juste des expressions avec « Allah » pour principal ingrédient qui font croire à la foule que plus on crie et plus Dieu entendra nos prières. J’imagine le pauvre Rayan, prisonnier de son sort, au fond de son trou et à qui parviennent ces clameurs qui ont fait glacer son sang et je me demande si, ce n’est pas l’attente qui l’a tué mais bien la peur de ce qui l’attend.
Au lieu du silence avec pour seul bruit, les coups de la pioche qui creusait le sol pour le libérer, c’est bien le vacarme des ignorants qui le terrorisait au point de transformer la joie d’avoir été retrouvé par sa crainte de ce qui l’attendait s’il venait à sortir. L’ange comme l’innocence sont si fragiles qu’un simple cri de hibou peut faire fuir. Sur mon écran d’ordinateur, un énergumène jouait au fqih venu rappeler leur foi aux gens qui assistaient au manège des engins qui creusaient. Derrière lui, son compagnon, le remplaçait pour continuer le subterfuge. La haine était là, parmi la foule et Dien seul sait que l’hypocrisie, comme le mensonge émettent des ondes si négatives que les poils des loups se hérissent et les chiots courent pour se cacher. Un autre, du fond de sa Libye en pleine déconfiture, se plait à donner des leçons sur la meilleure manière de creuser un puit. L’odeur de la haine se répandait sur les continents quand, à une trentaine de mètres de profondeur, la paix tentait de germer pour que l’humanité se régénére.
Encore une fois, ils ont fait fuir la paix. L’ange est mort, tué par des cris colorés en prière. Quand j’essaie de penser comme un enfant de cinq, prisonnier d’un trou tout en ignorant si son père viendrait le sauver et qu’au lieu d’entendre la voix douce de sa mère qui l’appelle, ce sont des clameurs de foule hystérique qui lui parviennent, on n’arrivera pas à me convaincre que c’est le froid, la faim ou la soif qui l’ont tué mais bien la peur du monde vers lequel il croit partir !

Ça continue…

Les Hyènes sortent à la recherche de quoi se mettre sous les crocs, les loups leur emboîtent le pas et les langues se délient. Qui de l’un parle d’une mascarade orchestrée, qui de l’autre explique que l’opération est montée de toutes pièces jusqu’à ceux qui montent un tribunal pour juger les responsables. Cela va de celui qui a creusé le puit, à celui qui a oublié de le sécuriser en passant par les techniques ou les étapes de l’opération. La mère qui ne surveille pas son enfant et l’imagination fait le reste. L’occasion est propice pour voler un peu de lumière, paraître et disparaître derrière le superflu, le pitoyable ou l’incongru.
Des hommes, des techniciens, des ouvriers, des ingénieurs, les forces de l’ordre, plusieurs engins et pas des moindres, des unités médicales (ambulances, hélicoptères), des équipes médicales, les forces de l’ordre, sans parler les milliers de citoyens… Une montagne rasée et pendant cinq jours, un suspense effroyable !
Tout cela, pourquoi ?
Nous ne sommes ni dans une campagne électorale, ni face à la menace d’une insurrection, ni dans le cadre d’un culte de personnalité, ni dans une dictature en manque de popularité… Rien de tout cela et des esprits, à qui manque un engrenage, se relaient pour s’offrir une consistance et donner l’impression de fonctionner.
L’enfant de cinq ans, s’il a secoué le monde pour lui rappeler son humanité, il a aussi éclairé les maux qui rongent les sociétés. Cela va des apprentis sorciers d’une religiosité dévoyée aux disciples d’un onanisme intellectuel, ignoble car en plein jour et répugnant pour l’audace avec laquelle il s’illustre à la face du monde civilisé.
En fait, je craignais ces dérives mais je pensais que l’électrochoc était suffisant pour retenir la leçon. Certains handicapés du civisme ignorant jusqu’à l’opportunité d’emprunter un peu d’éducation, sont irrémédiablement atteints au point de craindre qu’il faudra des centaines de Rayan pour qu’enfin nous puissions croire que l’humanité puisse être sauvée de la connerie et la bêtise !

Dans son angélus de ce dimanche, le pape François a rendu dimanche un vibrant hommage à l’ensemble du peuple marocain qui a tout fait pour sauver le petit Rayan, tombé dans un puits de 32 mètres de profondeur dans son village au nord du Maroc.  » Comment un peuple entier s’est réunion pour sauver le petit Rayan . Tout le peuple marocain était là pour sauver un seul enfant . Ils ont fait tout leur possible. Mais malheureusement ce petit bonhomme n’a pas survécu », a dit le Pape., très ému « Je remercie ce peuple pour ce témoignage », a-t-il ajouté.

Un enfant de 5 ans !

Quand il a réussi, en souffrant dans la douleur de son silence, « 6 pieds sous terre » chantera Brel, et nous ramener, nous vilains et ignobles adultes à notre humanité. Avant même d’apprendre à lire et à écrire, il égrène à chaque coup de pioche, les alinéas de la charte universelle, nous ramenant à notre lamentable suffisance quand les uns siègent sur des fortunes indécentes et d’autres se lèchent les babines en signant des contrats d’armes pour alimenter des guerres et des révolutions pendant que la misère et la pauvreté déciment des populations entières. 5 ans et en moins d’une semaine, il a vidé le siège de l’ONU de sa paperasse inutile, l’Otan de sa fierté à rouler des mécaniques et tous les édifices officiels où on tente de nous écrire l’histoire de la genèse et, donné un sens à l’humanité.
Il a souffert dans sa peau et sans prononcer un mot, il a ridiculisé les discours, tous les discours qui servaient de paravent à la cupidité, à la cruauté, à la haine et l’exclusion. Quelques kilos de chaire, d’os et de sang et le voilà plus dangereux que le dernier des missiles balistiques, plus fulgurant qu’un typhon dévastateur et combien salvateur devant les souffles coupés des consciences qui ont gardé intacte cette aspiration à l’utile et l’agréable, au beau et à l’innocence.
Un miracle, une coïncidence, un accident du temps ? Qu’importe pourvu que la parabole qu’il tracée dans les cieux des médias ne devienne pas une comète éphémère dans cet univers artificiel dans lequel on a voulu emprisonner nos ambitions. Pourvu que chaque seconde passée en dehors de son enfance ne soit pas perdu parce que des esprits gangrenés par le pouvoir ne redeviennent pas les destructeurs des fraternités naturelles entre peuples et communautés. Pourvu que dans chaque pays qui se respecte, une stèle lui sera érigée, pour faire de son anniversaire, le jour de notre prise de conscience que l’humanité vivrait mieux, simplement et bien si chacun de nous se rappelle, finalement, que nous ne sommes que des visiteurs !
Un enfant de cinq ans a donné une des meilleurs leçons que tous les prophètes ont voulu transmettre et qu’aucun n’a voulu comprendre, celle qui veut qu’il n’y ait ni esclaves, ni maître et que quel que soit le pays, la nationalité, en deçà ou au delà des frontières , il ne peut y avoir que cette quête du bonheur pour tous. Une leçon d’humanité dans son sens le plus simple, celui de l’être vivant qui vient vit et s’en va et dont l’humanité ne retiendrait de lui que ce qu’il a apporté de plus par son génie, son travail et sa bienveillance.
Combien sont ceux ou celles qui refuseraient d’être à sa place ?

A propos

Quelqu’un là bas veille sur le sort de l’enfant prisonnier de l’obscurité depuis la nouvelle de sa terrible situation.
Quelqu’un surveille et dirige comment et quand ce qui doit être fait. Pour ceux qui savent voir, sur le terrain, la situation, au début, était chaotique. Public et sauveteurs se mêlaient avec une spontanéité incroyable et, au fur et à mesure, les engins affluent, les équipes s’étoffent, les experts et les spécialistes arrivent. Le chemin se creuse vers là, par où sortira l’enfant Rayan. On invente et on s’invente des héros au pluriel. L’ordre prend le dessus, on barricade le champ de bataille.
Quelqu’un regarde et orchestre les gestes et les hommes. La vie de l’enfant devient le centre du monde. Doucement, le pays apprend comment faire face à chaque difficulté. Il n’a ni expérience, ni antécédents et pourtant, rien ne semble être fait au hasard jusqu’aux barrières qui repoussent la foule pour laisser les sauveteurs travailler…
Quelqu’un là bas dicte et gère, un peu comme si, en ombre invisible allait du forage aux engins pour tout diriger… L’ambulance, équipée Nec Ultra, l’hélicoptère prêt à décoller… C’est loin pour être du hasard.
Si le héros est l’enfant, prisonnier de son angoisse, quelqu’un veille à ce que tout soit fait pour garantir que l’opération soit menée à terme…
Mes compatriotes ont déjà deviné de qui je parle !

Ça recommence

Les analystes, les experts, les spécialistes, les érudits, les connaisseurs, les savants, les génies, les inventeurs… Ceux qui savent tout, sur tout, ceux qui reviennent du paradis, ceux qui ont visité l’enfer, ceux qui tutoient le bon Dieu, ceux qui ne servent à rien, ne produisent rien, ne créent rien, vivent sans fournir d’effort et avec des textes empruntés aux écritures, ils jouent aux crieurs et prèchent la bonne parole sans vraiment y croire.
Ils ont inventé la vapeur et le fil à couper le beurre, ils ont construit l’univers à la hauteur de leur ignorance, violé la raison et corrompu les consciences au point de faire croire que l’esprit n’est fait que de neurones reptiliens et réussit à convaincre des foules que c’est en criant à voix haute que les prières arrivent au ciel.
A force de mentir en jouant l’hypocrite, ils ont réduit l’humanité au bestial et au carnivore. Cerveaux primitifs, restés intactes à la préhistoire, ils ont détruit le respect de l’effort et du travail et, derrière leur confort de saint qui s’habille en blanc la veille de la prière du vendredi, spectacle orchestré pour éblouir les bouches ouvertes au discours qu’ils savent tisser pour tromper.
Rayan est mort tué par le brouhaha inutile quand il ne demandait que le doux murmure des paroles maternelles, au fond de sa géole étroite. Ses larmes chaudes mélangées à la poussière, averse incapable de nettoyer le caniveau, diluées par les flots de bave des paroles inutiles.
Hier, nous avions la parabole innocente qui glorifiait l’humanité, ce matin, c’est l’odeur de la mort qui rode dans les ruelles, labyrinthe obscure où se niche encore la haine tentaculaire, cancer rampant sur le visage des gens pauvres qui ne savent qu’espérer. Imperceptible et dangereuse pandémie à l’échelle des croupes des femmes vénales, virus impitoyable de l’ignorance érigée en doctrine jusque dans les amphis du savoir universel. Il nous faudra une armée de Rayan pour venir à bout de la bêtise humaine.
L’enfant serait-il mort dans le silence des esprits qui inventent l’outil pour le sauver ? Attentif au bruit de la pioche patiente et obstinée qui aurait rythmé sa respiration, loin des clameurs qui l’empêchaient d’écouter le bruit de son cœur, il aurait aimé lutter pour revenir à la lumière.
Je ne suis plus en colère, aujourd’hui, mais certain que les sectes sont plus puissantes que l’état qui les laissent vivre pour le servir.

Notre respect des morts

La misère intellectuelle, telle est la principale caractéristique de ceux et celles qui surfent à titre posthume sur la douleur d’un enfant de cinq ans, mort dans la plus effroyable des situations. Indigence intellectuelle chez ceux qui reprennent les propos indécents des manipulateurs et des complotistes, malades d’eux mêmes et enfin, spectacle affligeant de cette partie de l’humanité que le cas Rayan est en train de révéler comme des métastases suintant de pus malodorant à travers les réseaux sociaux.
Ceux qui comme moi, ont pensé que le calvaire qui se déroulait sous nos yeux a réussi à nous rappeler notre humanité oubliée, saccagée, violée et méprisée et, à côté de la douleur profonde que nous ressentions, nous avions cru que les dégâts causés étaient réparables et que, comme notre combat pour sauver ce qui reste de la planète, nous pensions espérer voir les hommes et les femmes, revenir à la raison et prendre conscience que le destin de chacun dépendait du destin de tous.
Chaque jour m’apporte les preuves accablantes qu’il n’en est rien et que le mal est plus profond qu’on ne le pense. Il faut se rendre à l’évidence que le formatage des peuples a duré pendant des générations jusqu’à donner des cadavres vivants, animés par quelques neurones dont le nombre se limitait aux fonctions vitales de leur corps: Manger, boire et se reproduire. Si pour certains, on leur a laissé quelques cellules grises pour répéter sans comprendre, en fait, ils ne sont, ni plus ni moins, que le maillon qui lie les maîtres aux esclaves.
Je ne pousserai pas la bêtise de tomber dans le panneau et me mettre à défendre le bilan d’une opération que le peuple marocain a mené avec honneur et sans honte, ni regret. Je ne m’inclinerai pas pour parler aux bouches d’égout non par crainte de succomber à l’odeur nauséabonde du caniveau mais, simplement, parce que, chez nous, aux funérailles de nos plus humbles de nos proches, nous brulons l’encens, parfum subtil du paradis et vaporisons l’air à la fleur d’oranger pour que nos larmes soient dignes du respect que nous devons à nos morts !
Ceux qui, en Egypte, au Liban et dans certaines contrées perdues dans la préhistoire moyen orientale, s’échinent à vouloir dénaturer notre deuil, nos frontières culturelles, même les plus folkloriques d’entre elles, sont si hautes que ce qui reste de la moiteur de leur activité cérébrale arrivent à peine aux cimaises des grandes portes de nos hautes murailles et qui ne s’ouvrent que pour exporter vers eux des tonnes et du matériel d’aide pour combler ce qui manque à leur potentiel quand le malheur s’abat sur leur terre !
Quand un malheur arrive et emporte ce qu’une communauté, une famille, un voisin a de plus cher, spontanément tout l’entourage ressent la même douleur et je ne remercierai jamais assez, au décès de ma défunte mère, ceux qui autour de moi, ont transformé ma maison en temple ouvert. Non pour l’estime qu’ils ont pu me nourrir mais pour simplement ne me laisser m’occuper que du bien être de celle qui me faisait ses adieux. A ce jour, je n’ai aucune idée de qui a fait quoi, ni comment chacun des visiteurs a passé la nuit, ce qu’il a mangé ou bu et, quand le fourgon mortuaire quittait la résidence, je ne savais ni ce qui restait à faire, ni ce qui a été fait et par qui… nul besoin de nous remercier, nul besoin dont faire un cas à part. C’est ainsi et c’est tout. Tout le respect dont nous entourons nos morts !

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