C'est libre que je suis meilleur

Ce pays qui est le mien / Enfin

Impossible à détester, à oublier ou à s'en défaire...

Ce pays qui est le mien

Un thé à la menthe, bien de chez nous… Les abeilles qui se collent et le concert des voix. Jour de souk, jour de rencontres et de fête. On estime son labeur et on retourne chez soi, avec des joies plein le couffin et des surprises pour mériter d’avantages de câlins complices. Vie simple de gens simples. Destin singulier et pourtant partout pareil. On connait le soleil et on espère la fortune que la pluie dessine sur les sillons creusés à coups de fouet. La mère roule la laine et disserte sur le temps consommé. La vieille qui surveille la marmite noire de fumée sur les braises, se réchauffe et souffle sur la flamme qui se tortille. L’enfant invente le jouet avec des bricoles et demande si le père va bientôt entrer. La nuit s’installe sur la maisonnée aux murs pisés et l’âne s’installe sur la paille avec le dernier cri du corbeau.
Il revient avec la promesse de faire comme son cousin, acheter des chèvres et des brebis pour se donner l’impression qu’il est un homme qui avance.

Et quand la grand mère a la chance d’aller à la grande ville, chez son fils ouvrier maçon ou vendeur ambulant, elle sort s’émerveiller devant la cohue, la foule bigarrée, les voitures et les bus. Elle sait, au fond d’elle, que c’est là, une autre vie, celle à laquelle rêvent tous les garçons du douar.
Elle est là sur le trottoir, avec la peur au ventre, elle attend, regarde à droite, à gauche et quand elle est sûre de ne pas risquer d’être écrasée, elle s’engage pour traverser la route. Arrivée au milieu de la chaussée, deux motos d’adolescents marquées « Achorta », freinèrent et les deux motards casquées descendirent et se dirigèrent vers elle. Dans le temps, ils auraient été là pour lui tenir la main jusqu’à l’emmener à bon port. Aujourd’hui, la loi sur les passages cloutés, c’est une autre humanité. Cruelle et incongrue quand on sait que ces pratiques s’apprennent à l’école.
le premier motard s’approcha et interpella la vieille: « Iwa lalla, tu ne sais pas qu’il est interdit de traverser hors des passages cloutés ? »
la vieille dame ignorait de quoi ce jeune parlait et quand il ajouta: « je suis obligé d’appliquer la loi et vous coller une « mokhalafa ». Elle comprit qu’ils n’étaient pas là pour l’aider à traverser.
Un jeune homme regardait la scène et quand le policier tira de son blouson le carnet des contraventions, il cria « Zouj bassima ou noss, a loumima ou vive al houkouma ! »


Les lois sont comme des toiles d'araignées. Elles attrapent les petites mouches mais laissent passer les guêpes et le frelons.

NOURR Edine Chronique

ENFIN

Il était temps de se laver des erreurs commises en croyant que l’être humain a un côté bon et un côté obscure, que le côté bon l’emporte toujours comme dans ces films hollywoodiens où le bien triomphe du mal et que le méchant meurt toujours à la fin. Niaiserie sans cesse répétée avec un tel brio que nous finissons par y croire. En réalité, chacun poursuit ses propres désirs, quitte à marcher sur les grands principes et les belles théories fumeuses et trompeuses. Notre égoïsme fait de nous des monstres à deux visages: l’un pour respecter les normes établies, hypocrites et immuables, l’autre, plus secret, jamais révélé et qui nous fait faire, parfois, le contraire de ce que nous prétendons vouloir faire.
L’un utilise la condescendance pour s’élever et fait tout pour endormir la méfiance. Vous le voyez alors, tour à tour, serviable, dévoué et admiratif mais ne rate jamais l’occasion pour exploiter vos erreurs, somme toute, anodines et normales. Le temps d’une réflexion, criée à voix haute pour être entendu, non par les autres seulement, mais par lui-même, surtout, car cela le fait grandir.
L’autre utilise le mensonge pour dessiner de lui; l’innocence et la vertu alors qu’au fond de lui sommeille le diable qui fait de lui, l’être machiavélique dont il ne soupçonne pas, lui-même l’existence.
Certains vous épient du coin de l’œil pour apprendre de vous, cette qualité de vivre l’instant sans penser au futur ou surveillent vos attitudes pour déceler celle qui vous fait grandir: Votre manière de parler en jouant avec le verre ou votre manière de vous taire en restant présent. Il boit vos gestes et vos paroles jusqu’à en faire siennes. Il les apprends si bien qu’il oublie en gesticulant comme vous faites, que l’élève ne dépasse jamais le maître. La pose qu’il prend pour afficher une sincérité feinte ou l’intonation qu’il adopte pour convaincre d’un savoir dont il n’a que les gros titres… Il essaie d’exister comme il aurait aimé mais on ne peut offrir aux autres ce que l’on n’a pas acquis. Entre prétendre et être, la différence se sent et se voit comme le nez au milieu du visage.
Des hommes apprennent à devenir ce dont ils ont rêvé et des femmes se convainquent d’être belles sans avoir l’aura que l’on travaille pour faire apparaître ce plus qui distingue la colombe du corbeau. On les voit bouger comme des vagues qui menacent le vertige des tranquillités solitaires et on se demande s’ils se voient dans la glace qu’ils ne savent même pas voir. Attentif à la beauté du geste qui annonce le raffinement des personnes éblouissantes, exigeant quand il faut qualifier le beau et lui tirer la révérence, on se refuse à croire qu’ils ne savent point distinguer le vrai dans le mensonge qu’ils adoptent pour survivre.
C’est dans la simplicité des choix que l’on retrouve sa singularité propre mais pour rester simple, il faut savoir s’accepter comme entité particulière. La perfection est une chimère qui n’éblouit que ceux qui ne savent point où ils vont, derrière quoi courent-ils et jusqu’où peut les entraîner cette soif de paraître.
J’ai vu des êtres s’éblouir par inadvertance et d’autres rester humbles dans l’attention qu’on leur porte. Certains se perdent en rêves impossibles sur un simple regard accordé par ignorance et d’autres prétendre à des merveilles qu’ils sont incapables de comprendre. La nature humaine, versatile et trompeuse, peut devenir une menace pour ce qui reste quand les mains qui applaudissent se font rares.
Il parle, gesticule et se pavane comme un paon auquel il manque les plumes. Elle marche en bougeant comme pour tout montrer sans pourtant comprendre qu’il suffit d’une mèche pour séduire l’aveugle attentif au bruit des pas auquel se mêle le parfum d’un corps qui respire ! Je les vois se perdre dans l’attention qui sculpte leurs rondeurs et se promettre des passages plus envahissant sur la poussière des jours peuplés par ceux qui n’ont plus rien à faire.
Le regard des autres est un mirage à qui on fait dire ce qui manque à notre bien être. Le silence des mots inutiles ne vaut-il pas mieux que l’absence des éloges sans substances, des promesses sans fin et des comportements qui s’alimentent de cynisme et de mensonge ?


Winston CHURCHILL
Toile Winston CHURCHILL

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