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Partir doucement
Sans éclats, sans bruit
ne plus être, dans l’habitude,
l’encombrante présence…
Partir, sans rien emporter
que le bruit des silences
que je n’ai pas su meubler.
Laisser le temps, figé à l’instant
de ma dernière parole.
Imaginer ce que deviendra
la trace de mon passage
quand je ne serai plus là
pour donner libre cours
aux reproches qu’on a retenus
qu’on aurait du me faire
pour me voir changer,
jusqu’à devenir insignifiant
dans leurs suffisances.
Partir sans les prévenir
sans rien leur dire ou murmurer
Les libérer, doucement,
faire comme si, je n’ai jamais
été là pour leur décrire
si justement, ce qui manque
à leur talent, à leur génie.
Partir pour leur éviter de compter
les jours passés en se retenant.
Ne plus être, pour eux,
l’étincelle qui dérange,
indispose et fait tressaillir
la simplicité de leur destin.
Oui, je le sais, importun
ai-je été dans leurs rêves
quand j’osais inventer des couleurs
pour leurs regards défraîchis.
Fallait-il accepter ou refuser
qu’ils se complaisent dans la facilité
ou donner un sens à leur vie
par le doute ou la difficulté ?
Comme la tempête qui donne
à la mer calme toute sa beauté,
comme l’épine qui protège la rose
et retient le doigt maladroit,
je resterai pour eux ce parfum
auquel on ne sait pas donner de nom.
Tant mieux si, sans moi, leur vie
devient plus acceptable…
Elle
Petit pied et cheville fine
annonçant le galbe des jambes insolentes
pour reposer l’œil et réveiller l’instinct,
Ni jolie, ni belle, elle est particulière.
singulière dans l’art de se mouvoir
comme une soif jamais assouvie,
comme une fleur, jamais touchée.
Ma reine et ma princesse
élégance du verbe fabriqué
par des lèvres alertes et agiles
Quand elle bouge, quand elle marche
le temps s’étonne et l’air se fige.
Rien ni personne ne reste indifférent
à sa taille, à ses mains
à ses yeux, à sa démarche
Elle dérange l’habitude
qui terrasse les femmes poltronnes,
Elle offusque le mensonge
de celles qui se cachent pour être
et la même force vitale
qui habite sa croupe hospitalière,
meut le cœur qui tremble à son approche.
On ne peut se contenter de l’aimer
il faut, pour cela, être aveugle
ou sourd au timbre de sa voix.
Elle emplit l’espace comme un parfum
comme une odeur qui pique les narines
elle passe, le pas, trop féminin
pour déranger le silence
et revient, poitrine vibrante
comme une vague qui submerge
la monotonie des couples endormis.
Elle est « Elle » et seulement « Elle »
car son corps, à nul autre pareil
est un éden d’épidermes
enflammé et enflammant.
Aimée au premier regard
comme une lune insolite
dans un ciel sans étoiles.
Intelligence des yeux, beauté simple
sous un front que l’audace habite.
Elle sait grignoter la patience
pour mieux accaparer la pensée
et doucement le soir, la nuit s’impatiente
le sein se repose dans la paume qui s’abandonne.
Demain, elle réveillera le désir
avec la même abondance,
avec la même élégance.
Douce femme, jamais lointaine
même pas absente quand elle est ailleurs.
La larme
Celle qui jaillit
sans qu’on l’autorise
au détours d’une phrase
qui a su réveiller, en nous,
l’imprévisible humain.
Celle qui précède la joie
pour étouffer les grimaces du bonheur.
Celle qui va à l’encontre des pas
qui annoncent le retour
de celle dont l’absence est une douleur.
Larme de joie, me dit-on
larme tout court, quand elle dérange
devant l’œil, le regard
et annonce le sanglot
de l’ivresse interdite.
Chaude comme une brûlure
elle trace sur la joue
le sillon des sincérités profondes
et son goût de mer en colère
donne à nos lèvres qui tremblent
l’intensité des baisers réprimés.
Que ne donnerai-je pour que,
au son d’une belle voix
qui fait semblant de mourir,
mon cœur déclenche la source
qui donne à notre âme
le point par où jaillir ?
Que ne ferai-je pour que
de mon corps fleurissent
ces élans que l’on veut obscurs ?
Il y a tant d’univers dans un flot
de larmes versées par amour,
il y a tant de vie quand on a, encore,
le bonheur de pleurer un être cher.
La larme indomptée et rebelle,
ne vaut-elle pas tous les rires fabriqués,
tous les silences non autorisés
et tous les discours qui ne veulent rien dire ?
C’est en pleurant que l’animal, en nous, est mort !