C'est libre que je suis meilleur

Tolérable et toléré / Après le ftour / Pendant ce temps / Triste métamorphose / Heureux / Nauséabondances

Tolérable et toléré

C’est dans une étreinte,
longue et spontanée,
un baiser écrit sur le cou
et une paume brûlée
par le vertige d’une hanche
que je compris, malgré moi,
que le verbe aimer, doux nectar,
ivresse étrange et volupté,
ne sera jamais périmé
comme a voulu, à vil escient,
me faire croire, la perfide vipère.
« Méfie-toi », me disent ses yeux,
l’amour dérange l’aigreur
qui, sur la langue venimeuse
a des senteurs de fraîcheur.
Les mots aux couleurs vives
cachent souvent l’envie
que les destins trompés
laissent dans les cœurs brisés.
Le sourire forcé et préfabriqué
tue la sincérité de l’éclat de rire
quand on a ignoré l’impatience,
refusé la fine douleur de l’attente
pour satisfaire ce qui démange
l’égo au fond de son nombril.
Quand nos corps revinrent,
comme des oiseaux, sur terre,
Dieu qu’elle était devenue belle
pour un instant, au temps, volé,
pour une faiblesse à laquelle
il ne fallait pas résister…
L’amour, ainsi est-il enfant gâté
qu’il ne faut pas décevoir et,
sans retenue, le laisser libre
de s’exprimer et de jouer
entre l’odeur de l’interdit
et l’audace des gestes osés.

Pendant ce temps

Mon âme se repose
dans ce qu’elle a choisi d’être,
loin des bruits inutiles,
des discours qui se répètent,
chaque jour, chaque heure,
sous différentes couleurs.
La chance ou le bonheur
de m’obliger à ne croire
qu’à ce qui bouleverse,
entre la fumée âcre
des élucubrations divines
et les calculs mercantiles
des foules qu’on dirige
vers l’abattoir des libertés.
Le sein attentif à l’intensité
d’une étreinte innocente
ou le flot de baisers posés
comme un caftan rouge et or
sur une beauté simple, érigée
en diadème sur l’obscurité,
La démarche peuplant le silence
de ma solitude suffisante
pour me convaincre que l’instant
est mon seul et véritable paradis,
Le regard qui surveille le repos
que son corps me concocte
un délicieux festin, que dis-je ?
Un billet de plus, pour m’assurer
que rien ne justifie les soucis,
maléfiques et ou artificiels,
avec lesquels on veut divertir
ma conscience ou ma raison.
Le miel pur que l’abeille distille
n’a ni le goût des belles paroles,
ni les senteurs de moisissure
qui cache la pureté des fleurs
sous des couleurs artificielles.
Chaque soir, chaque nuit,
il me suffit de la retrouver,
offerte comme par un dieu
invisible à mes prières,
pour qu’à l’aube du lendemain
je redeviens plus jeune qu’hier
et plus confiant que demain…
Car le doute tente, le jour,
de s’infiltrer par les interstices
qu’il me tarde de colmater
pour avoir, juste le temps,
d’apercevoir la hanche meurtrière
ou la courbe qui suggère
le vertige autour des chevilles
quand la main tremble, hésite
et se décide à parler avec
le langage des aveugles,
dociles sourds et muets,
quand seul l’odeur persiste
sous le satin des draps tissés
comme l’ultime linceul
à mes prières d’enfant.
Criez, hyènes malpropres
ou loups sournois et traîtres,
battez-vous pour la charogne
ou le sang qui coagule,
ma liberté est un rempart
que nul bruit ne traverse,
nulle odeur ne transpire,
Je ne vis pas de l’autre côté
mais au dessus des paroles que
vous semez pour m’atteindre.

Heureux

Comme un malheureux
qui garde l’espoir qu’un cœur,
dans l’amour, pardonne
et ignore l’indignité que respire
le baiser offert au prix fort…
Il y a tellement de noblesse
et de mérite dans l’étreinte
qui, chaque nuit, vient décrire
le bonheur d’aimer sans retenue.
Si par malheur,
l’âme vient à croire
qu’elle peut se soustraire
au devoir moral de ne jamais
se complaire, seul,
dans l’ivresse que l’autre
s’oblige à nous offrir,
le rythme du coeur
sous les paupières
trébuche, hésite et agonise
jusqu’à transformer
le goût profond des voluptés.
L’acteur, alors, devient, hélas
spectateur de sa déprime
Et, le verbe aimer devient
si lourd qu’il tombe sur le sol
comme une plume
que le vent abandonne.
La fleur s’élève dans le ciel
grâce au flux de la sève
qui lui arrive des racines
mais quand le sol, sans eau,
manque de fraîcheur,
la tige durcit, se ferme
et la belle plante s’incline
vaincue par la pesanteur.
Ainsi meurt-il, l’amour trahi
quand le regard ne voit plus
le désespoir du bras qui sert
a larguer les grandes voiles
des libertés imaginaires
pour naviguer au dessus
des destins ordinaires.
Il faudra, alors, taper du pied
pour faire peur à l’illusion,
celle qui s’empare des âmes
trop étroites pour contenir
toutes les joies qui fleurissent
à l’ombre des promesses
qu’on se doit de tenir…
Si vous êtes aimée, mesdames
Si vous êtes aimés, messieurs
Vous n’avez ni le mérite
d’être meilleures ou meilleurs,
ni le droit de croire que,
c’est grâce à vous, seuls
que le ciel s’embrase, le soir,
pour donner des couleurs
aux rêves que le baiser suggère.

     Rouhanyates   روحانيات   

Dieu n’a que faire que l’on croit en lui. C’est lui qui nous a permis le doute, le déni. Le vrai blasphème n’est pas dans le fait de mettre en jeu son existence mais dans la prétention de penser qu’on peut le défendre. Il est beaucoup plus grand que la petitesse de ce que nous pouvons faire pour lui, toute l’humanité réunie.
La laïcité, seule, permet de vivre dans cet immense espace où chacun peut vivre ses croyances sans empêcher les autres de vivre les leurs.
Celui qui a créé la vie, a créé, en face, la mort et, sans la mort, nous perdrions cet élan avec laquelle nous luttons pour survivre. C’est même la mort qui donne un sens à la vie.
Enfin, la puissance de Dieu n’est pas dans la création mais dans la beauté avec laquelle il a créé.
Satisfaire ce qui démange l ego au fond de son nombril. une faiblesse à laquelle il ne fallait pas résister. …je sens déjà un frisson qui me déchire.
Je vous tire ma révérence cher ami!

Après le ftour

Oui, mon choix, parfois, est dicté par l’écosystème dans lequel le hasard m’a vu naître. Je pouvais être suédois ou malgache, cela ne changerait rien à ce qui, en moi, bouillonne et dirige, sélectionne, rejette ou adopte…
Chacun de nous a, en lui, des facteurs biophysiologiques qui le prédisposent, l’un à l’action impulsive, l’autre à la contemplation… Chacun réagit, selon le formatage culturel, le degré de liberté ou de contrainte sociale mais, à la majorité ou son âge de raison, l’instruction, la curiosité ou ce qu’on appelle l’éveil intellectuel, on se met, naturellement à penser et tôt ou tard, à prendre conscience, du devoir de s’adapter.
Comme tout citoyen du monde, on découvre l’anachronisme, l’archaïsme et surtout, le conformisme, la tradition et, plus préjudiciable, l’hypocrisie à laquelle on s’habitue pour survivre. Le poids des croyances, chez nous la religion (inscrite dans la constitution !) qui, bien que cela va à l’encontre des libertés sert à cimenter les ignorances que certaines forces obscures peuvent exploiter pour installer le chaos. On découvre que cette atteinte à la liberté de conscience, finalement, dosée avec intelligence, est une arme absolue contre la dictature religieuse. Depuis des siècles, les dynasties qui se sont succédées, ont flirté avec le religieux et la culture de ses origines. Le mariage qui dure depuis Idriss 1°, a donné un Maroc qui utilise, à la fois le rétroviseur pour ne pas oublier d’où il vient et le GPS, pour décider vers où il doit aller.
Si la chance ou le hasard a voulu que nous ayons un chef d’état, descendant du prophète, nous a évité une république à l’Iranienne avec, pour guides, un collège de vieux ayatollahs qui décident, au gré de leurs délires mais aussi, le souci, à chaque élection présidentielle, de s’éviter un pantin dirigé par des éminences grises de l’extérieur. Entre l’inspiration divine d’une reine en Angleterre et le Dalaï lama dans l’Hymalaya, nous héritons du spirituel, ce qu’il y a de légitime pour un peuple, en majorité croyant et du Tibet, cette chance de voir l’éducation de l’héritier du trône se façonner au rythme avec lequel le peuple respire.
Cette harmonie a ce pouvoir d’héberger, à la fois, la conscience, aiguë et profonde, de s’appartenir tant à la citoyenneté qu’au territoire mais, chemin faisant, à une forme de démocratie, nulle part parfaite, qui s’installe dans un cadre qui évolue, s’adapte en peaufinant les contours, en ajustant les espaces et en débroussaillant les massifs contaminés par les influences étrangères…
Le chemin est long encore mais comme me répétait un vieux routier de la vie, chaque année, pose-toi toujours, la même question « qu’as-tu gagné ou perdu, cette année ? C’est en fonction de ce bilan que tu sauras si tu avances ou recules ».
Les élections qui arrivent est l’occasion pour faire le bilan des bilans annuels. Le retard à l’école est criard et c’est sur le banc de l’école que se construisent tous les avenirs. Du médecin à l’ingénieur, de l’éboueur au menuisier et du policier au soldat aux frontières, c’est à l’école qu’ils apprennent les règles communes du vivre ensemble. Celles qui forment l’infrastructure de la citoyenneté et la qualité du civisme. On aura beau fait construire des bancs ou planté des fleurs, si nos enfants n’ont pas appris que cela appartient à tous sans être la propriété de quelques uns, la désolation guette nos rêves les plus simples.

Où sont passées nos rossignols, nos troubadours, nos chanteurs de rue et nos maîtres à vivre libres même derrière les hautes enceintes des censures impitoyables ?
Qu'est devenu le refus, récalcitrant, à se laisser guider par des discours hypocrites ? Nos mères n'enfantent-elles plus que des corps sans cervelle propre où se contentent-elles de répliquer des clones dans le même moule ?
Décidément, la mode semble se contenter de produits reconditionnés

Triste métamorphose

Sans traitement, ni pilules, ni comprimés amers pour vaincre les morsures du mal-être que dégage l’ambiance glauque des discours trop lourds. Ce que, jadis, était l’effort de l’abstinence, est, aujourd’hui, l’effort de paraître. Chapelet et tapis de prière ont remplacé la présence divine et la vigilance paternelle qui surveillaient nos défaillances. Le mois du Coran, avec l’odeur tentatrice de la moindre senteur s’est muté en parcourt tracé avec sourates inquisitrices et hadiths écorchant au vif, les nonchalances tolérées ou tolérables. L’imam affiche sa barbe comme un Wissam de servitude au lieu du courage de la tolérance. La khotba du vendredi, avant le geste bienfaiteur à la porte des mosquées, est un spectacle de guignols, pantins désarticulés animés, de derrière le minbar, par les mains du maître à penser, venu ricaner jaune avec, sur le front, la tache tracée au fongicide d’Arabie.
Perdue la chaleur de la faim au fond du ventre creux qui nous jouait la symphonie des douleurs gastriques, fini le spectacle de la soif dans la traversée du désert…
Hier, nous fuyons les senteurs des cuisines où nos mères jouaient les chefs d’orchestre ou les magiciennes du goût dans leur accoutrement traditionnel. Aujourd’hui, l’écran digital a remplacé nos longs matchs de foot où joueurs et spectateurs faisaient semblant de ne pas se soucier du coucher du soleil et, si, après le ftour, les salons, comme nos rues, brillaient de la joie du devoir accompli, les yeux brûlés par la lumière bleue, s’amusent à inventer la bêtise du diable qui, émoticône ricanant, cherche le mal entre des titres accrocheurs et des mensonges plus vrais que la réalité. Nos ados, louchant vers le « Big Mac » de l’oncle Sam s’amusent au Monopoly intellectuel avec le choc des images et le poids des mots.
Ville habitude à faire le mal en sautant de joie là où nous éclations de rire avec une « noukta » marrakchia. Pitoyable société devenue l’ombre d’elle-même sous le regard suffisant de ceux qui, n’ayant aucun génie à défendre, promènent, avec une révoltante arrogance, un regard de maître ignorant sur les troupeaux abrutis qui broutent, à leurs pieds, ce qui reste du fumier qui servait d’engrais pour nos grands pères.
haine

Nauséabondances

Deux évènements m’interpellent et viennent confirmer ce que je constatais au milieu de cette foule qui manifeste pour les tarrawihs (Même pas obligatoires). C’est dire la profondeur dans laquelle nous ont plongé ces « mafias » (Le terme n’est pas assez expressif, pour ne pas dire secte ou organisation criminelle).
Il y a d’abord, ce que nous réprouvions déjà avec des individus comme l’hémorroïde du paysage médiatique français, Eric Zemmour et son commerce haineux, franchement raciste et abjecte en se sucrant sur le dos des citoyens français de confession musulmane ou celle qui brasse les effluves des toilettes mal entretenues, en utilisant l’expression « tête d’arabe », Elisabeth Lévy a de nouveau créé la polémique. Une habitude pour cette polémiste grande gueule qui chérit sa liberté de penser et de parole, à tort et à travers mais à bon escient: vendre son image et qui, sans se rendre compte, s’assoit sur le même fauteuil que celui qui avait programmé l’extermination des juifs.
Dans leur sillage, à des degrés et nuances différentes, des médias en ont fait un commerce qui rapporte mais avec le même son de communication: Le BUZZ ! Tout dire ou dire n’importe quoi pourvu que l’on reprenne le mensonge, l’insulte ou l’offense maquillés en irrévérence voltairienne de très basse facture. Désormais, l’intellectualisme ou le travail de l’esprit se cultive au ras des pâquerettes , entre le caniveau et l’odeur fétide des cadavres qui jonchent le sol des plateaux télé !
On ne recrute plus des chroniqueurs ou des journalistes mais des crieurs publics et qu’importe leur inculture ou leur ignorance du droit et de la déontologie !
Des sphères où se mélangent les genres et les couleurs avec, en commun, la hantise à qui produira la meilleure flatulence ! Entre mettre un masque de pompier pour s’éviter l’asphyxie ou s’enorgueillir de son ignorance avec un flegme pitoyable, les directeurs de publication ou les annonceurs misent sur ce qui rapporte. On joue sur la provocation, l’indignité ou le mépris, selon les publics ciblés. De l’Extrême droite à l’extrême gauche, tout est bon pourvu qu’on en parle. Le commerce, aujourd’hui traîne dans ses cartons d’emballage, des odeurs de cadavres en décomposition, de moisissures et surtout de bêtes humaines gisant au soleil.
Dr Mohamed Cohen

« Je crois au risque de me tromper que pour qu´une idée puisse traverser l´histoire de l´humanité il faut la faire vivre et pour se faire, elle a besoin d´un présentification symbolique, mentale et sociale : invocation, culte et lieux de culte, sacralisation »

« Pour le plaisir »

Moins de deux cent pages et pourtant le résultat est moderne, actuel, culturel et éminemment sensuel. Mohamed Kohen a réussi une audacieuse tentative de se raconter. Plus encore quand on pousse le défi jusqu’à oser le faire dans la peau d’une femme, Alia !
Un prénom qui aurait pu en être le titre tant la « balade » qu’il propose nous arrache de la corniche de Casablanca, du côté de Dar Bouazza pour nous faire voyager vers Saint Pétersbourg, Paris et retour.
Le style, lui étant propre, sans fioritures gratuites ou inutiles, discret pour ne pas se laisser vaincre par cette déformation professionnelle (l’auteur est chirurgien) qui aurait pu assommer le lecteur par des termes barbares, fin pour « dire », sans complaisance, les tares d’une société malade de son hypocrisie, lucide pour séparer le vin de l’ivraie quand il prend le temps de penser et réfléchir à Dieu, la morale religieuse ou la foi que certains ont adoptés comme fond de commerce, judicieusement coquin quand il descend sur terre pour essayer de dénouer, avec patience, l’écheveau des affects quand il s’agit des cœurs, d’amour ou d’amitié.
Moins d’une nuit pour le parcourir mais c’est un livre à relire, plus tard, juste… pour le plaisir ! Celui de se reprendre comme devant une toile qu’on a fini de voir et, de se regarder, se concentrer sur les contradictions adoptées comme des traditions ou cette fâcheuse habitude de vivre comme un pilote de ligne qui tente de décoller, les freins serrés, vers le crash inévitable !
De l’Amour à l’amitié et vice versa, de l’inévitable jalousie qui ronge et détruit ceux et celles qui n’ont jamais donné de sens au terme « liberté » quand il s’agit de, simplement, vivre, de l’argent qui, pour la plupart et à tous les niveaux, rend toutes les choses possibles, jusqu’aux bêtes qui ne se font pas de mal, ni de guerre et « qui ne se soucient ni du paradis, ni de l’enfer, ne reconnaissent ni ange, ni démons, n’invoquent ni magie, ni superstition… »
Je retrouve l’homme rencontré sur la toile bleue avec ses longs silences ou ses écrits qui tombent comme des pavés dans une marre bouillonnante créant des remous à peine perceptibles pour ceux qui retiennent leurs esprits hors de portée des clameurs de foule ou des agressifs décibels d’un muezzin malade de sa foi mal assimilée.
Mohamed Kohen "Pour le plaisir"

Une belle chanson de Aziz Sahmaoui

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