C'est libre que je suis meilleur

Aveu / Je ne vis pas / Brin de vie / Éloge au féminin pluriel

Un homme, un vrai n’est pas celui qui séduit plusieurs femmes mais celui qui séduit plusieurs fois la même femme

Brin de vie

La larme qui tombe, brûlante comme un tison, sur la joue habituée à la tendresse, annonce la souffrance de l’absence. Il est parti sans un mot et elle est restée, longtemps, à regarder, sans vraiment le voir, l’horizon où sa silhouette avait disparu. En elle demeure la chaleur des mots prononcés, des mots échangés et ceux qu’on n’a pas osé dire. Son cœur s’arrache à son corps comme pour voler derrière lui, pour l’accompagner et pourquoi pas, le faire revenir.
– Osera-t-il noyer, dans l’oubli, l’univers qu’ils ont inventé ?
– Pourra-t-il résister à l’envie d’être avec elle ?
Elle voulait croire que la fin de leur destin est encore loin. Elle s’acharne à se convaincre qu’on ne peut qu’être indispensable à celui qui nous l’est sinon, l’amour, chanté en duo, ne serait qu’un mirage, réel pour le regard alors qu’il n’a point d’existence.
En la quittant, il s’était baissé vers elle pour déposer un baiser sans saveur et pourtant, l’épiderme touché persiste encore à frémir. Comme un duvet qui effleure sa peau, comme une morsure qui déchire son être. « Je l’aime », dit-elle au silence qui l’entoure et doucement sa main, puis ses doigts touchèrent sa joue comme si elle allait trouver un peu de lui. Le sanglot enfla dans sa poitrine mais elle hésita pour le libérer car pleurer veut dire qu’elle l’a perdu pour toujours. Comme un cultivateur qui ramasse ses outils pour revenir, son labeur terminé, elle se sentit fatiguée, vidée comme une femme qui a perdu son enfant à la naissance. Elle se retourna et se dirigea vers la porte encore entrouverte qu’elle poussa pour entrer. La tête ailleurs, la bas, prés de lui peut être, elle tomba sur le sofa qui garde encore la trace de son passage. Sa souffrance, si forte, ferma ses paupières et donna à son cœur, un rythme bizarre. Dans le noir de sa solitude soudain envahissante, une sonnette retentit comme au loin. elle ne pensa même pas a qui cela peut être. elle ne voulait voir personne, parler à personne, sauf lui peut être. Soudain, comme une lumière éclatante, elle sursauta et, sur l’écran interne de son front tendu par la douleur, passa la question guidée par l’espoir: Et si c’était lui ? Sa main se tendit vers le combiné qu’elle souleva et guida vers son oreille. Elle entendit d’abord un souffle puis sa voix, chaude comme toujours et combien rassurante. D’une douleur intense, elle passa à la joie étouffante quand elle entendit « Je reviens ! ». Des larmes l’empêchèrent de répondre mais elle s’entendit répondre: « oui, viens ».

Fernando Pessoa

Aveu

Elle n’ose pas dire que les mots fabriquées pour elle sont la plus belle des reconnaissances et si l’épiderme qui frémit se cache sous la soie qui dessine ses formes ou si le cœur s’envole et l’âme se repose quand elle finit ma lecture, elle s’enfonce dans le secret de sa féminité pour en sortir plus belle. J’aurais aimé entendre ls gratitude pour l’avoir vue séduisante, j’aurais souhaité qu‘elle m’inonde de l’éclat de son regard et paralysé, ainsi, l’élan admiratif qui remue mes entrailles quand je la vois, quand je pense à elle et que mon âme se met à chanter ses charmes et sa grâce. Sait-elle que mon génie se nourrit de sa démarche, du nacre velouté de sa peau diaphane ? Sait-elle que sans elle, dans ma solitude imaginaire, les mots qui paraissent superbes deviennent des bruits dans le tumulte des rues.
Je me hasarde souvent dans les brèches de son armure et je surprends, au détours des mots qu’elles inventent, un peu de moi, un peu de la magie qu’elle me force à fabriquer pour elle. Elle semble vouloir ignorer le charme que je dessine sur les courbes de son corps mais je devine que, malgré l’effort qu’elle semble faire, que ma prose lui devient une liqueur indispensable pour se sentir femme ! Dieu qu’elle est belle quand elle revient pour me lire dans le silence étroit qu’elle s’impose. Mes mots tracés comme des vérités insupportables arrachent la monotonie aux instants qu’elle passe quand elle me condamne à l’oubli. Comme une horloge qui lui indique le temps, mes mots viennent réchauffer le souffle qui donne à sa démarche la volupté qui manque à celles qui ne savent pas me lire !

Je ne vis pas

Je navigue sur les courbes,
les volumes et les surfaces
Je dessine avec les mots
ce que le regard parcourt.
Au fond de moi, la volupté s’installe,
ivresse incontrôlable et parfum de fleurs
entre la fraîcheur des matins
et le bruit du ruisseau qui s’en va.
J’imagine le rêve entre l’iris et le cil
et doucement ma main se sert
sur le fruit qui s’abandonne,
J’aime à imaginer le bonheur
entre les paumes qui se collent
entre les yeux qui discutent,
Sur le ressac des respirations
quand le retour devient imminent
quand la joie devient réelle.
Quelle beauté plus grande
que deux cœurs qui chantent
que deux corps qui se confondent
que deux destins qui s’unissent ?

Éloge au féminin pluriel

Élancée comme un roseau qui défie l’atmosphère. A la fois ronde et gracieuse comme une promesse de plaisir. La crinière farouche et rebelle joue avec le vent des farandoles de volutes odorantes. L’œil, vif et intelligent, envoie des signes indéchiffrables qui paralysent la raison. Entre le nez insolent et le menton volontaire, la lèvre dessine les mots avec élégance. A l’ombre des cheveux qui encadrent le visage, le cou s’installe comme une invitation discrète. Le galbe des épaules et la blancheur de l’épiderme, des touches de pinceaux qui dessinent la volupté au spectateur chanceux et, doucement le regard plonge dans les abysses qui annoncent l’aventure incertaine d’un jour sans lendemain. Elle avance, poitrine en avant, comme une guerrière à la conquête de l’univers. La pudeur résiste quand le sein, épris de liberté, tente de déchirer la soie qui le protège du regard. Le duo voluptueux qui vibre au rythme du rire, suscite l’envie de saisir la chance qu’elle a à s’offrir, sans vergogne. Élastique peau qui s’étire, retenue par le nombril, sur la vallée hospitalière d’un bassin qui danse en marchant. Elle offre le vertige dans le creux d’un dos qui s’installe comme un horizon. La hanche fière bat le rythme à l’univers des soifs qu’elle réveille en passant. Sur la cuisse que la toile harmonise, l’oreille s’installe pour dormir en caressant le genoux insolent. Au loin, l’orteil annonce la fin du rêve conjugué au féminin et, doucement la paume se dissout sur le flanc du mollet en carpe dessiné.

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