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Vie-amour ou amour-vie / Désillusion / Ô pays ! / Le point du jour / Errances / Douce dérive / Femme illusion

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Jardins du luxembourg

Vie-amour ou amour-vie

Quand mon souffle caresse son épaule
collés comme deux cuillères d’argent,
les corps s’ajustent et se confondent
pour affronter le rêve qui remplace le sommeil.
Elle est mon rêve, depuis le premier regard
je suis ce qui manquait à toute son assurance
Deux doigts qui se croisent pour devenir vœu
comme les jambes qui s’entremêlent
comme les lèvres qui tremblent sous le baiser
comme les doigts qui se cherchent et se trouvent,
l’Amour fait d’un couple, toute une page
sur laquelle viendra s’écrire, en gras,
toutes les symphonies du bonheur.
Elle devient violoncelle gémissante
il est l’archet qui, de ses fibres,
fait sortir les sons faisant trembler
les arbres, les fleurs et les oiseaux.
Il vibre à ses soupires et tremble
comme un père pour son enfant.
Elle s’arrange pour tout adoucir
autour de sa retraite et son repos.
Il la regarde pour trouver les mots
qui sauront faire fleurir toute la grâce
que sa beauté suggère sans rien faire.
Complice du baiser volé aux regards
victimes des chaleurs qu’ils inventent
à l’abri des bavardages inutiles
coupables d’aimer et de bien aimer
ils enfantent le sourire avec une goutte d’eau
et fabriquent le printemps avec des clins d’œil.
Ils ne s’aiment plus comme avant
le verbe aimer est devenu virgule
dans les confidences qu’ils partagent
sans dire un mot, sur un simple contact.

Désillusion

La tête déjà fatiguée par les jours qu’il a passé à comprendre. Le regard à peine claire et l’air ailleurs, à la recherche de ce filtre magique qui donne l’assurance des destins ficelés. Mes paroles semblent, à peine lui parvenir quand l’article « ELLE » y est absent. Il saute de phrase en phrase pour revenir à l’objet de sa détresse qu’il veut rendre jouissance et sérénité. Il ne parle que d’elle comme une obsession profonde et tous les sentiers qu’il pratique mènent aux pieds qu’il trouve fragiles. Il n’y a, pour lui, qu’elle pour rendre le rire contagieux, la joie réelle jusqu’à suffoquer de bonheur. La douceur ne sait jaillir que sur les lèvres auxquelles il s’accroche pour se sentir vivre et quand elle prend la peine de le voir, il se noie dans son regard sans prendre la peine de vérifier si elle sait la fougue avec laquelle il sait l’aimer et la chérir.

Elle occupe sa pensée comme le ferait le verdict dans la tête du condamné au couloir de la mort et pourtant, malgré les gestes et les actes qu’il entreprend pour la retenir, je devine, dans son désarroi, l’âme insatisfaite qui veut se convaincre. Quand je tente de le ramener à la frêle réponse qu’elle lui renvoie avec désinvolture, ma remarque l’agace et la colère colore ses yeux jusqu’à voir jaillir la haine des hommes à qui échappe le destin.
« Tu ne peux pas comprendre ! » me dira-t-il pour se mettre à vouloir décrire les flammes qu’elle allume quand il la voit venir, marchant sans toucher le sol, la hanche insolente et le regard ailleurs. Elle dérange en lui la foi qu’il a en ce qu’il pense être sa marque d’homme: « Pourtant, elle est si fragile que le son de ma voix peut la faire vaciller comme une feuille ! ». Imprudent jusqu’à l’inconscience en se livrant sans chercher à savoir si en elle il y autant de chaleur.
Il me parlera de l’Amour qui, sans douleur, est une imitation grotesque car l’âme doit se déchirer, affirme-t-il, pour pouvoir arriver au nectar que le cœur revendique et quand je tente de lui demander si, elle aussi, brûle d’amour pour lui, il ne semble pas m’entendre et répond à sa manière: « Quand on aime, tout le secret est dans le bonheur que l’on a, à rendre heureux, l’être qui nous habite et nous hante ! » et d’ajouter que la fleur ne se soucie point du jardinier qui en prend soin. Il semble heureux dans sa souffrance de ne point avoir pied dans cette relation à sens unique pourtant, il aurait aimé savoir, comprendre comment elle, perçoit l’attachement qu’il lui voue.
L’occasion me sera offerte, quand au détour d’une heure où il n’était pas là, pour « affronter » ce monstre qui terrorise mon ami, fou amoureux de cette femme pourtant normale. Elle me voit la saluer et devine ma curiosité quand le verbe s’accroche à celui qu’elle semble posséder comme une clé dans un trousseau et sans me donner le temps de préparer mes réponses, elle se met à décrire l’amour comme une folie meurtrière dont elle craint l’asservissement. Sur ses lèvres fines, l’aveu est une insulte à la soif immense qu’elle se plaît à lui procurer et comme une vanité indécente, elle se targue de ne voir dans ses démonstrations qu’une lubie qui lui passera quand il l’aura acquise. A la fois consciente du risque qu’il lui fait courir en la forçant à croire que l’Amour peut être un destin pour peu que l’on ait la foi, mais inconsciente quand elle se joue de la douleur qu’elle lui procure en lui faisant croire qu’elle était surnaturelle dans sa beauté pourtant très commune.
Entre l’aveugle maladroit qui veut se sentir vivre et la femelle désinvolte qui se joue des élans pourtant sincères, l’Amour semble devenir un combat dont l’issue est incertaine comme ces guerres qui durent au point qu’on ne se rappelle même plus les raisons pour lesquelles, elles ont été déclarées.
Il dira plus tard, entre le regard déjà brûlé par l’alcool et l’œil qui cherche encore l’être qu’il voudrait aimer: « L’Amour est cruel quand il n’habite que l’un des 2 cœurs ! ». Elle avait quitté son univers sans vraiment l’avoir pénétré le laissant étourdi entre le mirage qu’il avait cru réel et l’incompréhension de ce phénomène versatile que les hommes comme les femmes s’acharnent à vouloir vivre comme une félicitée salvatrice et bienfaisante.

L’illusion fait elle vivre où est-ce un besoin pour sentir la vie passer sans rien nous offrir ?

Le point du jour

Comme une voix lointaine qui murmure à ma solitude, la pensée m’arrive, doucement d’abord puis submerge l’attente de ce qu’on ne prévoit pas de faire. Elle vient mourir à mes pieds et dans sa brève agonie, l’image se dessine, la scène se métamorphose et le spectacle prend vie.
Parfois, c’est un soleil fatigué qui s’en va brûler ma perspective et annoncer la nuit comme un nouvel épisode de ces mille et une nuits qui composent mes exils volontaires. Parfois, c’est le galbe d’une hanche qui a troublé ma concentration et emmené avec elle, mon regard avide d’histoires, à la fois voluptueuses et sensuelles. Des fois, c’est un enfant qui se bat avec l’indifférence d’une mère trop occupée devant l’abreuvoir que les commères entretiennent.
Chaque fois, mon esprit s’arrache à son quotidien déjà trop lourd, pour suivre les pensées vicieuses de l’homme, plusieurs fois père, qui lisse sa moustache en suivant du regard, la croupe qui danse sur le trottoir. Comment ne pas s’étonner quand le regard féminin s’obstine à lire sur mon passage le mystère de ma capacité à ne pas rester normal ?
Comment ne pas remercier le ciel quand mon regard se pose sur le salut discret de ces êtres qui comprennent ma liberté à rester moi-même quand tous, autour de moi, se déguisent pour paraître et disparaître sans commentaire sur leur existence empruntée ?

  • Je hais l’ingérence inutile quand l’ombre devient un voisin avec des droits sur ma présence, exigeant le salut hypocrite qui ne veut rien dire.
  • Je hais le sourire familier qui tient à tisser un passé sur le fait que nous sommes citoyens de la même ville.
    Je hais l’arrogance de ceux qui vont et reviennent avec pour seul occupation, une prière collective. Leur menton, bien au dessus des épaules comme si Dieu leur avait exaucé l’espoir d’être un jour au milieu des vierges du paradis. Que restera-t-il de leur passage quand l’aube s’endormira pour toujours, sur leurs paupières fanées comme des coquelicots sans étamines ?
  • Je hais l’attitude, faussement altière, des voiles qui cachent les traits d’un visage aux rayons du soleil.
  • Je hais l’amertume que dégage la présence des êtres qui ne vivent que pour mériter un regard au rabais, un salut obligatoire et un dialogue sans importance.
    • Pourquoi me faut-il supporter les niaiseries d’une commune frileuse qui se veut forte par la médiocrité des automatismes, la lenteur des pas qu’on s’accorde pour être vu, par le regard qui cherche la reconnaissance quand rien ne vient de l’intérieur ?
    • Faut-il vivre ainsi, entouré de spectres qui se réveillent par habitude ?
      • Des hommes qui s’inspirent des lions avec des ailes de papillon.
      • Cruel destin des âmes qui se veulent libres quand elles naissent dans le giron des esclavages déguisés.
      • Futile existence quand rien, dans le matin des jours, ne vient étonner la curiosité, bouleverser les habitudes ou… Simplement dessiner en couleurs, les rêves échafaudés, en silence, dans l’intimité des nuits qui s’enfilent comme des perles, nouvelles et brillantes !

Douce dérive

Ni mince, ni grosse, elle est légère comme une liqueur rafraîchissante.

Jolie comme un bouton de rose dans la fraîcheur du matin. Elle n’est belle que quand elle affronte les beautés empruntées. Les lèvres douces au baiser volontaire et le regard vif comme une lumière intelligente. Une démarche de haute féminité pour subjuguer le silence brisé par le bruit de ses pas. J’ai appris, doucement, à la connaitre. Elle s’est forgé une image de prince pour mon attachement pour elle. Elle aime que je la regarde et craint mon absence comme une tristesse embarrassante. Elle aime jouer de mes envies comme un chat qui ronronne pour mériter les caresses. Elle brûle en moi comme un devoir et je vis en elle comme une pensée, comme une promesse de bonheur. Elle a fait de moi son meilleur horizon et j’ai fais d’elle, un beau rêve. J’aime à dormir près d’elle. C’est une chaleur qui repose, parfois un feu qui consume doucement, tous mes soucis. Elle sait être femme, totale et fatale, sans vraiment rien faire, sans aucun effort. Un gout particulier aux choses incertaines et une soif de présence qui éveille la curiosité, un besoin d’être elle, comme une certitude qu’elle assume avec une assurance étonnante.

Belle comme une fleur que le soleil fait chanter.

J’ai aimé à la voir comme une unique destinée, Elle a aimé mon choix comme une folle évidence. Je lui ai tout donné sans rien lui refuser. Elle est devenue mienne comme un bras ou un œil. Elle m’aime avec fierté et se hâte à le dire à chaque occasion, sûre du goût qu’elle a à savoir distinguer le beau du commun. je l’adore discrètement mais elle sait deviner, d’avance, dans quel état sommeille mon affection. Elle a fait de moi, le complice dévoué et j’ai fais d’elle le rêve de tous les hommes. On ne s’aime plus avec des mots ou des regards, Nos âmes s’étreignent et se confondent au point que je n’arrive plus à me voir sans elle et elle ne sait même pas comment être sans moi. Est-ce un rêve ou une illusion maligne que d’aimer sans comprendre, sans réfléchir ?

Qu’importe les questions quand on vit l’amour comme une réponse ?

FEMME ILLUSION

Elle s’en va et avec elle ma soif d’aimer
Je l’ai regardé partir,
entraînant dans son sillage,
tant de nuits brûlées pour l’aimer,
tant de souffrances vécues à l’attendre,
Tant de rêves inventés,
juste pour elle, pour nous.

De dos, elle était le spectacle de toutes les envies.
De la crinière qui dessine son doux visage,
à l’épaule frêle qui désigne sa fragilité et,
doucement le regard se repose au creux de ses hanches pleines…
Elle s’en va et avec elle ma soif d’aimer
car c’est pour elle que ma pensée s’éveille.
c’est vers elle que voguent mes désirs
et c’est avec elle que la vie se colore.

Doute ou certitude ?
Quand son corps a soif des mains qui savent, pour elle, raconter la vie.
Couleurs des lèvres qui s’impatientent. Iris marron, creuset d’intelligence:
quand son regard devient torride,
Quand son corps a soif des mains qui savent, pour elle, raconter la vie.
A-t-elle su aimer ma présence ou faisait-elle semblant d’être heureuse ?
Je ne sais que ce que le cœur me murmure
et je ne connais que le bonheur que j’avais à le revoir,
chaque fois, encore plus belle.

Lui ai-je, simplement, servi de miroir ?

  • Est-ce que c’est dans mon regard qu’elle apprenait à être femme ?
  • Est-ce moi qui lui ai appris comment être jolie même quand elle n’était pas belle ?

C’est dans ma fougue qu’elle puisait la force de s’accepter, combien commune, elle était.
M’aimait-elle pour l’instant que je pouvais lui inventer
ou m’appréciait-elle, simplement, parce que mon amour pour elle, flattait bien son ego ?

Il fut un temps où je lui étais indispensable, le temps pour elle d’apprendre comment une femme peut être irrésistible. Quand elle sait combien un regard, une démarche ou un geste simple, peut bouleverser des résistances.
L’illusion est parfois une réalité certaine qui s’estompe doucement pour devenir douleur. Depuis, je me méfie de celles qui ne savent pas encore être belles !

N’oubliez pas de signer le livre d’or

Merci pour votre visite !

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Vous êtes le maître des mots. La langue française est conçue pour que vous en fassiez de l’art. Vous embellissez les mots avec votre plume. Les mots jouissent de se mêler des tes phrases, ils dansent et résonnent.
C’est délice de vous lire si Noureddine.

Souad Barnoussi

« Ce n’est pas l’Utopie qui est dangereuse, car elle est indispensable à l’évolution. C’est le dogmatisme, que certains utilisent pour maintenir leur pouvoir, leurs prérogatives et leur dominance. »

Henri Laborit

Ô PAYS !

Il est grand, il est petit, mon pays !
Il est beau comme un garçon
quand il dit « Non », quand il dit « Oui »
Paresseux parce qu’intelligent
Rebelle parce qu’indépendant
Imprévisible et versatile
Farouche comme une vierge
Insolent parce qu’il se sait téméraire.
Ses hommes valsent avec les mots
Comme ses femmes avec la grâce.
Habitué au soleil et à la mer
l’épiderme brûlé et l’œil vif
grâce aux neiges de l’Atlas,
Il défie l’arrogance des nations
qui veulent frelater ses convictions,
S’endort parfois, insouciant,
sur la cuisses des sirènes
qui viennent de l’océan.
Les mères le réveillent,
parfois avec brutalité,
parfois avec douceur…
Elles savent éponger ses faiblesses,
panser ses blessures et sécher ses larmes.
Et c’est dans leur giron qu’il retrouve son ardeur.
Il baissera les yeux comme un coupable
devant la hargne des pères,
jaloux de leurs terres.
Il se réveille, le matin, mon pays !
avec la gueule du combattant
et s’endort le soir, fatigué comme un amant.
Il est fort, il est chétif, mon pays.
Il se goinfre comme un cheval
quand la prairie devient verte
mais se contente de thé et de pain
quand la misère fait trembler son quotidien.
Il supporte l’injustice au nom de Dieu
mais se relève et regarde dans les yeux
les marchands d’esclaves, venus d’ailleurs,
pour corrompre et détruire
le destin qu’il se fabrique seul !

Errances

Elle arrive, démarche fière de princesse gâtée par le divin.
1- Chante le vent dans les feuilles des platanes et son parfum me revient comme une ode à la beauté qui s’entoure de mystère. J’aime à respirer l’air d’une nature vierge et m’endormir sur la cuisse tendre qui s’offre avec amour.
Je ne vois que sa silhouette et déjà le temps se fige et mon cœur se retient. Elle arrive, démarche fière de princesse gâtée par le divin. Mon souffle devient rare et ma gorge a soif de son odeur.
Que se passe-t-il dans les corps qui se brûlent aux flammes des passions véritables ?
Est-ce la crainte que le bonheur, combien fragile, ne sera qu’éphémère ? Est-ce l’après, quand le baiser devient souvenir, que l’air garde son parfum mais pas elle, et mes mains !
Pauvres bougres attirés par les lumières, vous ne saurez jamais sentir la chaleur d’une bougie misérable quand l’amour danse autour de nous.
Si votre soif est d’eau la mienne est d’épiderme et si votre faim est bestiale la mienne se contente d’avaler ses mots dessinés avec finesse. Restons, vous là bas et moi ailleurs, mon monde est fragile et craint l’insulte et le vulgaire. Je m’en vais, comme chaque soir, dormir avec la promesse certaine que demain, elle sera là pour colorer mon matin et me préparer au labeur.
Divine créature, que serai-je sans toi dira le poète et moi de penser « sans toi, serai-je ?« 

j’aime à chanter la grâce des femmes et le courage des hommes, celles et ceux qui ont compris, très tôt, qu’on ne sait décrire le gout que des coupes qu’on a bues !
2- Déchiré entre le spectacle des collines fraîches, à peine découvertes au matin qui tremble encore et le souvenir de ce qui fut, jadis, des plaines et des montagnes où mes yeux aimaient à s’éblouir. Je ne rêve plus du passé qui m’a fait quitté l’univers de mon enfance mais les visions qu’Éros dessine sur le flanc des femmes généreuses sont un captivant spectacle, à mes pupilles brutalisées par la lecture. Je reconnais la volupté quand elle s’annonce comme une invitation discrète, un peu sournoise mais avec cette profonde chaleur qui accélère le cœur et meut le doigt. Dans le regard qui, pour moi, était le miroir des mes folles élucubrations, il n’y a plus de soif, ni de faim et comme pour le ventre rassasié, l’appétit n’a plus de plaisir à être revendiquée. La haine de l’autre étouffe la gorge qui ne sait plus respirer que pour soi et pour mieux se sentir vivre, on tue l’élan et la fougue qui faisaient les matins heureux. Je hais les enfants quand les parents hésitent encore à tuer leur égoïsme et je hais ces couples qui ne donnent à leur progéniture que l’exemple des êtres vaincus par leur désir de paraître. Je ne vis plus, je regarde le spectacle d’une vie aussi creuse que le discours qu’on débite par habitude.
Je meurs doucement, chaque jour, comme un feu qu’on oublie, et, dans le silence des habitudes, j’aime à chanter la grâce des femmes et le courage des hommes, celles et ceux qui ont compris, très tôt, qu’on ne sait décrire le gout que des coupes qu’on a bues !

Il me faudra longtemps pour me convaincre qu’elle est là pour moi,
qu’elle n’est là que pour moi !
3- Elle me fixe de son regard, si vif, qu’une flèche semble traverser mon corps mais au lieu que le sang jaillisse, c’est un univers imaginaire qui se crée, entre nous, autour de nous et en nous. Plus de bruits, plus de voix que le son du souffle chaud que respire notre émoi. Je ne peux bouger, ni mon corps pour fuir ou me précipiter vers elle, ni mes lèvres pour simplement, lui demander si ce qui m’arrive est normal.
Des yeux, si pleins de lumière, je tombe, comme d’une falaise, sur les lèvres, à peine mouillés, qui dessinent un bouton de rose, que je peine à y voir la bouche. Au dessus du menton fier et volontaire, s’esquisse un sourire, pareil au soleil qui déchire la brume pour venir réchauffer mon désarroi. Dans ma poitrine, mon cœur, d’abord saisi, comme suspendu au spectacle de la beauté, se détend, respire et se met à battre. Il me faudra du courage et du temps pour apprendre à contrôler mon esprit, quand elle apparaît comme une douce offrande du destin. Il me faudra longtemps pour me convaincre qu’elle est là pour moi, qu’elle n’est là que pour moi !
Plus encore, les prémisses d’une douleur longue et intense quand je songe si je devais la perdre un jour !
4- Doucement, je m’habitue à sa présence et ses gestes simples me procurent tant d’assurance que je deviens maladroit quand elle s’en va, quand elle n’est pas là. Certains bigots diront que j’exagère et qu’aucune femme ne peut procurer tant de magie. A ceux-là, je répondrais que le cœur ne ressent que la douleur qui lui est destinée et quelque soit l’imagination dont on se vante, il sera difficile de décrire ce qu’on n’a, ni vécu, ni même essayé.
Quand je regarde le couteau triturer la blessure, c’est le spectacle qui me dérange et non la douleur qu’il procure.
Tout en elle est source de bonheur, de joie et de douleur et autant je suis heureux avec elle, autant, malheureux, je deviens quand elle est absente. Que ne donnerai-je, alors, pour devenir, pour elle, l’ombre qui s’accroche à ses pas et imite ses gestes et sa démarche. La regarder me fait mal, tant elle est telle que je me la suis décrite avant de la voir.
Je vais, je viens et toutes mes virgules deviennent des allusions à son regard, à son sourire ou à sa voix.
5- C’est bien d’elle que se plaint mon cœur quand ses larmes tombent comme les mots d’un poème. C’est vers elle que, chaque soir, s’envole ma dernière pensée avant de me réfugier dans ce qui reste de son parfum, de son odeur. J’hésite à effacer la trace de ses lèvres sur les miennes et je me surprends, parfois, à fredonner son prénom, comme un refrain, sous la douche ou dans la cuisine. Je vais, je viens et toutes mes virgules deviennent des allusions à son regard, à son sourire ou à sa voix.
Le son strident qui se répète, le bruits des voix, dans la rue, qui me parviennent. Doucement, j’émerge de l’inconscience qu’est le sommeil. Sept heure ! l’heure de se lever pour partir. Ce n’était qu’un rêve. Je reste un peu dans cette léthargie qui succède au réveil à me demander si je pourrais aimer, un jour, avec une telle intensité.
Apprend-on à aimer en rêvant comme on apprends à vivre ? me dis-je en me levant.

Quand elle lui parle, entre le regard qu’il fixe sur sa bouche et l’air qu’il prend pour l’écouter, elle hésite à croire qu’il sait de quoi elle lui parle.
6- Il aime à écrire l’amour avec des mots simples, elle aime à l’écouter parler d’amour avec tant de simplicité qu’elle en est émue aux larmes, parfois. Il a pris l’habitude de la regarder au lieu de, simplement la voir. Elle aime son regard chaud qui prend le temps pour lui dessiner son corps. Il préfère l’écouter pour ne rien dire car, pour lui, toute la beauté des sons est dans le mouvement des lèvres. Quand elle lui parle, entre le regard qu’il fixe sur sa bouche et l’air qu’il prend pour l’écouter, elle hésite à croire qu’il sait de quoi elle lui parle.
Qu’importe le destin qu’ils veulent écrire et qu’importe le bonheur qu’ils veulent inventer. Tout ce qui compte c’est cette certitude, pour lui, que le matin, c’est pour elle qu’il se réveille et pour elle, c’est de le retrouver, chaque soir, pour se lover et dormir, protégée par ses bras, jusqu’au matin.
Elle ne le réveille pas, elle sait que le froid qui la remplace, quand elle quitte la couche, suffira pour lui rappeler sa soudaine solitude. Il sait, lui, quand vient la nuit, qu’elle ne s’abandonnera au sommeil que quand il sera prés d’elle.
7- Des douces habitudes colorent leurs journées. Comme de la surprendre, belle quand elle n’est pas jolie ou heureuse quand elle sait qu’elle ne cesse pas de lui plaire. Ils savent partager le bien et vouloir à tout prix affronter, seul le mal qui peut venir quand la porte s’ouvre au visiteur. Il la protège du regard et elle lui évite de se déranger quand elle peut tout faire.
Il y a longtemps qu’ils avaient, tous les deux et ensemble, compris que le bonheur est un destin qui se fabrique chaque jour et que l’amour est comme une fleur qui dépérit quand on oublie de la voir !

Qu’importe le destin qu’ils veulent écrire et qu’importe le bonheur qu’ils veulent inventer.
Quand je l’ai vue la première fois, c’est une démarche, un déhanchement et une allure. Dans le champ de filles, toutes communes cachant toute leur féminité par crainte de la convoitise du mâle seigneur et maître.
Ose-t-elle ou qu’elle n’en a cure de ce ce peut éveiller son corps comme désir ?
Marchant sans vraiment voir autour d’elle, les commérages qui longent les murs, s’attardent sur le trottoir pour finir dans les alcôves obscures des médisances gratuites et inutiles.
Sait-elle qu’elle suscite le débat sur la manière d’être et de paraître ? S’oblige-t-elle à ignorer le regard qui la déshabille ou prend-elle plaisir à sentir son épiderme se hérisser quand elle passe devant les yeux qui se collent sur elle comme des mouches sur un cadavre ?
Il y a dans son attitude un côté exhibitionniste qui plait sans aller jusqu’à l’excès et elle le cultive avec une grâce, à la fois, discrète et savante. Je la connaissais effacée et presque timide, voilà qu’elle se révèle libre et libérée. Elle supporte l’éloge avec désinvolture mais reste attentive à ne point disparaître dans le bruit des conversations. Des fois, elle est si pleine de féminité que la bouche ouverte est la seule réaction probable devant tant de finesse à fouetter le désir avec volupté. Des fois elle est ailleurs, avec cet air supérieur des races qui refusent l’amalgame et le quiproquo.
Illustrations: Adam Styka

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