C'est libre que je suis meilleur

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Quel bonheur que d'écouter les plantes grandir !

Image

Aussi vaste que le ciel
Aussi profond que l’océan
Aussi beau qu’un soleil,
le matin, au printemps,
Aussi pur qu’un cristal
aussi violent qu’une tempête
Il a tout détruit en moi,
Jusqu’au sourire innocent
De l’enfant qui persiste en moi.
Il m’a fait voir des couleurs
Qui défient l’arc en ciel,
Et fait vibrer la plus profonde
Des fibres qui frémissent
Devant l’éclat de son regard.
Autre qu’elle, je ne crois pas
Permettre à mon cœur de battre
Et, si sans elle, des ténèbres
m’occultent, à jamais, l’avenir;
C’est au contact de son parfum
Que la vie devient agréable.
Je ne le lui dis pas, par crainte
de briser le charme qui me lie à elle
Mais dès qu’elle passe,
devant moi se lève un orchestre
Pour me bercer les plus belles symphonies
Sa présence est une partition
Sans cesse renouvelée,
Un éclat de rire qui ne demande
Qu’à briser le vacarme des conversations,
Une volupté si discrète et si délicieuse
Que l’ivresse au fond du verre
Devient douce et perceptible…
On me demande si c’est aimer
Que de devenir rare et absent ?
Comprennent-ils qu’en elle
J’ai l’univers auquel je pensais
Qu’irai-je faire ailleurs quand
Devant moi Dieu sculpte le meilleur ?

Rester vrai

Elle a déchiré l’histoire
comme un enfant qui,
désarticule une poupée
pour le plaisir de savoir
comment vivre sans jouet.
Elle a laissé tomber
le livre qui raconte tout
sur les baisers partagés
et qui respiraient, pourtant,
toute la volupté promise.
Elle a suivi la promesse
dont l’ego se sert pour
manipuler et tromper
et elle rentre le soir,
comme si, un peu, sans elle,
aucun destin ne se réalise.
Je la regarde, triste de voir
que derrière l’arrogance
qu’elle affiche, effrontée,
il y a un désert qui fait peur.
On ne se rend compte
de la valeur des êtres
que quand on les a perdus.
Elle pleure sans verser de larmes
la douleur reste sans nom.
quand la victime, c’est l’amour.

 

Je parle…

Je parle des femmes
comme des roses qui animent le paysage
comme des courbes qui offensent le vertige
comme les épines inévitables du plaisir
comme l’algèbre des mots qui attendent
sur les lèvres mouillées par le baiser,
Comme des songes et des rêves
qui se racontent dans l’obscurité des intimités,
Comme une démarche qui impose le silence,
Comme le geste qui contraint les bouches
à rester ouvertes, éblouies et satisfaites !
Je ne parle pas des orties qui se dessèchent
au milieu des épis fiers de blé.
Je ne parle pas des femmes,
ombres courant après la lumière,
Ni celles qui choisissent le sous facile
et bradent leur liberté !
Je parle des femmes
qui ne respirent que quand l’enfant dort
Je parle de celles qui, libres d’être,
ont choisi la dignité.

Orgueil, quand tu nous tiens !

J’ai perdu des êtres pour qui je pouvais sacrifier toute ma tranquillité, j’ai vu s’évanouir des présences qui comptaient plus que l’air que je respire et j’ai compris que le plus bel ennemi est celui qui habite l’idée que nous nous faisons de nous mêmes. C’est une entité qui naît sous les applaudissements d’une mère ou d’un père qui pensent que leur fils est un spécimen unique et rare. Elle se développe à l’abri des erreurs qu’on n’a jamais cherché à réparer et s’installe comme une identité originelle. Moïse et Jésus la classe comme un péché capital et pourtant, combien sont-ils ceux qui s’acharnent à la faire disparaître ?
L’orgueil, cet ennemi de la conscience humaine oblige ceux et celles qu’il habite à ignorer le remord ou le regret. Il efface du vocabulaire l’expression-remède « Je m’excuse » et cultive sur ce qui reste d’humilité, cette fierté de soi qui fait voir les autres comme des bestioles. Quand l’orgueil devient, pour nous, cette armure qui nous protège des autres, l’arrogance devient une attitude si normale que nous pensons être né ainsi. Nous refusons d’être critiqué, nous excluons de notre univers tous ceux qui ne gardent pas le silence devant notre infirmité première. Du narcissique pervers à l’aveugle qui refuse son handicap, nous balançons entre l’aumône d’une considération même légère et la reconnaissance qu’utilisent les flatteurs pour nous endormir. Nous nous accrochons au moindre compliment et nous fuyons le regard sincère qui ne sait pas mentir.
L’orgueil, toujours lui, nous fait croire que nous sommes incapables de commettre des erreurs au point qu’aucune odeur d’humilité ne transpire de notre allure, faussement, fière.
Ah, l’humilité ! Celle des gens simples qui construisent dans leur imaginaire, un monde fait de parcelles de bonheur et de brindilles de rire.
Quand devant sa famille qui se goinfre des mets qu’elle a passé des heures à préparer, la grand mère se contente d’un morceau de pain et d’un poivron qu’elle fait cuire sur le charbon, sa joie dépasse les plus vertigineuses fortunes et son sourire a l’éclat des demeures qui rendent jaloux le soleil. L’arrogance, pour cette âme reconnaissante, ne vaut pas la poussière qui étouffe sous ses chaussures. Fière, peut être mais non d’être ce qu’elle est pour les autres mais de ce qu’elle peut leur procurer et leur offrir. Son humilité, à la voir ainsi, heureuse et épanouie, donne la plus belle des gifles à ces torses gonflés d’air et de prétention.
Elle sait sans le savoir vraiment que le meilleur des bonheurs est celui que l’on ressent quand on donne au lieu de la joie singulière, quand on reçoit.
L’humilité est l’élégance même de ce qui en nous reste comme humanité. On s’excuse quand on se trompe et on pardonne quand on a été trompé, c’est ce qui donne à l’amour ce parfum qu’on ne peut ni acheter, ni inventer.

L’obscur contrat

Les jeux sont faits, rien ne va plus. Ce qui faisait trembler la vie s’est dilué lentement dans l’égoïsme latent qu’on a jamais su traduire en réel altruisme. La plupart des personnes, inconsciemment mus par l’instinct de conservation, gardent en eux, un peu de ce qui fait leur individualité, le centre du monde. Même dans la plus prodigieuse des passions, tout semble se faire comme si l’autre était là pour servir notre individualisme. Le plat qu’on n’aimait pas avant, s’il vient à être le préféré chez l’autre, on s’adapte pour qu’il devienne, pour nous, le meilleur. Cette métamorphose, chez l’un ou chez l’autre est bien l’expression de cette conservation inamovible de l’individualité. Au point qu’en amour, l’acte d’aimer est, par ricochet, un peu de cet amour de soi. On aime, alors, par conformité. « Je t’aime parce qu’en m’aimant, tu fais preuve, à la fois, de bon goût et tu confirmes que je mérite d’être aimé »
A partir de là, nous pouvons, déjà, mettre en évidence ce sentiment qui ne nourrit que le partenaire qui tient à son égoïsme, l’autre, lui, ne sert qu’à le nourrir. Si cette gymnastique du subconscient ne se fait que chez l’un, il y a un déséquilibre qui menace jusqu’à l’idée d’aimer. Quand elle s’effectue, une fois chez l’un, une fois chez l’autre, les deux partenaires, chacun y trouve son compte. Cela illustre cette vision du couple qui tient et qui veut que quand l’un exige, l’autre s’exécute et inversement. C’est le contrat moral du meilleur et du pire jusqu’à ce que mort s’ensuive. Quoique l’on dise, nous sommes esclave de notre égoïsme et c’est tant mieux car quand le déséquilibre devient insupportable, chacun aura gardé en lui cet instinct qui nous aide à survivre. L’image de la douleur inconsolable qui vient après une rupture, est plus l’habitude dérangée et perdue qu’une réelle affliction profonde. nous souffrons, non par perte de quelqu’un sans lequel on ne peut vivre mais plutôt la crainte de ne plus pouvoir retrouver cette douce habitude établie avec l’ex. Un peu, de manière caricaturale, comme si notre voiture tombe en panne et que l’on doit marcher, en attendant d’acheter une autre.

Pamphlet sans religion

Le printemps s’étire
piétiné, torturé, ignoré
par les pas brutaux qui courent vers le paradis…
L’abeille s’étonne et l’oiseau tremble;
l’air sent l’odeur du sang,
Des hordes invisibles
attisent les haines et taquinent l’insulte.
Insulte gratuite, insulte inutile.
Aveugle mépris souillant les souffles
et le regard hésite
entre voir ou s’éteindre,
devant l’offense des discours
qu’ils fabriquent pour éblouir,
tromper jusqu’à la meurtrissure
ceux là, même, qu’ils séduisent
pour s’aligner derrière leur bêtise…
Des femmes, ils fabriquent des bibelots,
des trophées qu’ils brandissent
comme un courage inutile.
Sous le linceul noir, symbole du mépris
qu’ils consomment avant de dormir,
souffre la liberté quand elle est femme.
Tyrannie par le mot acerbe
et le regard plein de haine
aimer, pour eux, est une faiblesse inguérissable
dont le remède est l’arrogance incommensurable.
Debout, homme libre !
Ta terre brûle et ton ciel s’enflamme.
Les bêtes deviennent humaines
et les humains deviennent bêtes !

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