C'est libre que je suis meilleur

Portrait / Ensemble / Le bruit des mots / Désir impatient / La mort du poète / Extrapolation

Il aime à écrire l'amour avec des mots simples. Elle aime à l'écouter parler d'amour avec tant de simplicité qu'elle en est émue aux larmes

Ensemble
Il aime à écrire l’amour avec des mots simples, elle aime à l’écouter parler d’amour avec tant de simplicité qu’elle en est émue aux larmes, parfois. Il a pris l’habitude de la regarder au lieu de, simplement la voir. Elle aime son regard chaud qui prend le temps pour lui dessiner son corps. Il préfère l’écouter pour ne rien dire car, pour lui, toute la beauté des sons est dans le mouvement des lèvres. Quand elle lui parle, entre le regard qu’il fixe sur sa bouche et l’air qu’il prend pour l’écouter, elle hésite à croire qu’il sait de quoi elle lui parle.

Jardins du luxembourg

Portrait

Quand je l’ai vue,
la première fois,
c’est une démarche,
un déhanchement
et une allure.
Dans le champ de filles,
toutes communes
cachant toute leur féminité
par crainte de la convoitise
du mâle seigneur et maître.
Ose-t-elle ou qu’elle n’en a cure
de ce que peut éveiller
son corps comme désir ?
Marchant sans vraiment voir autour d’elle,
les commérages qui longent les murs,
s’attardent sur le trottoir pour finir
dans les alcôves obscures
des médisances gratuites et inutiles.
Sait-elle qu’elle suscite le débat
sur la manière d’être et de paraître ?
S’oblige-t-elle à ignorer
le regard qui la déshabille
ou prend-elle un malin plaisir
à sentir son épiderme se hérisser
quand elle passe devant les yeux
qui se collent sur elle
comme ces mouches
sur le cadavre qui pourrit au soleil ?
Il y a dans son attitude
un côté exhibitionniste qui plait
sans aller jusqu’à l’excès
et elle le cultive avec une grâce,
à la fois, discrète et savante.
Je la connaissais effacée et presque timide,
voilà qu’elle se révèle libre et libérée.
Elle supporte l’éloge avec désinvolture
mais reste attentive à ne point disparaître
dans le bruit des conversations.
Des fois,
elle est si pleine de féminité
que la bouche ouverte est
la seule réaction probable
devant tant de finesse
à fouetter le désir avec volupté.
Des fois elle est ailleurs,
avec cet air supérieur
des races qui refusent
l’amalgame du caniveau.

Désir impatient

Je refuse de donner au cœur
autre que ce dont il rêve.
il n’est ni sur la place des esclaves
encore moins au pays où étouffe
la liberté des joies de vivre…
Fier étalon qui n’a jamais connu l’enclos
insaisissable papillon, fuyant la chrysalide
parfum invisible du jasmin sauvage
feu follet navigant au crépuscule
pour mieux narguer le soleil mourant.
Je n’aime pas sans folie, ni liberté
car je ne me veux qu’indépendant.
Et toute ma folie sert de nourriture
à l’art d’éblouir le cœur qui me regarde.
Comme le ruisseau auquel aucun
ne peut indiquer le chemin à suivre,
comme la plume qui navigue, libre,
au gré des vents fous ou capricieux
je me laisse aller sans résister.
Tout est là pour qui veut vivre
car aimer,c’est vivre et vivre
c’est aimer sans rien exiger.
Ma vie,
comme la tienne et celle des autres
a besoin de tous ses iotas pour se faire
illuminer tous les soirs jusqu’à la mort.
N’éteins aucune de tes lumières,
ne ferme jamais tes beaux yeux
car ce sont les étoiles qui orientent
ma quête de l’amour que tu peux offrir.
Je ne te fuis pas, ni te néglige
j’aime avoir soif pour boire
j’aime avoir faim pour me nourrir
et j’aime avoir envie de t’aimer
comme tu le mérites et je te le promets.
c’est dans le désert que nous savons
la valeur d’une goutte d’eau fraîche.
Je ne te balade pas au gré de mes absences
je sirote lentement les instants
que j’ai pu cueillir à l’ombre de tes lèvres.
Chaque mot que tu me destines
est un projet de vie à mériter
et chaque instant que tu m’accordes
laisse, en moi, des tonnes d’étoiles
qui scintillent dans le ciel de ma solitude.
Tu veux tout voir et tout avoir,
légitime envie et troublant désir
est-ce à dire que ma présence
est, comme pour moi, la tienne,
une délicieuse source de jouvence.
Étrange comportement, diras-tu
mais donne à ton cœur le temps
qu’il lui faut pour me comprendre
et tu verras que l’amour, aussi,
est une des plus belles libertés.

Extrapolation

Certaines rencontres vous laissent un goût amer. Vous avez beau épuisé toute l’empathie que vous pouvez avoir, rien n’y fait. Ils sont ainsi. Ceux qui croient à la fatalité, pensent que c’est pour tester votre affect quand vous êtes en face. D’autres pensent que ces individus souffrent de leur propre image. Ils sont tellement conscients de leurs lacunes qu’ils pensent que tous les autres ne peuvent que leur ressembler. Il y a, aussi, ceux qui pensent qu’il faut de tout pour faire un monde et qu’il n’y a rien à faire.
En cogitant un peu, vous découvrez que vous êtes leur problème. Votre existence sur terre annihile leur façon d’être. Ils seraient heureux s’ils ne vous avaient pas rencontré. A cause de vous, ils ont pris conscience du travail qu’ils auraient dû faire pour, simplement, être normal. Le plus étrange, c’est qu’ils vous admirent tout en vous haïssant et vous exècrent tout en vous vouant un attachement, à la fois, pervers et profond.
Que leur manque-t-il, alors, pour s’améliorer ? Tout simplement le temps. Les choix qu’ils ont fait ou ceux qu’ils ont dû faire, mal informés ou manipulés, leur ont fait prendre de mauvaises habitudes et leur ont fait croire qu’ils étaient particuliers, des êtres à part et, pendant qu’ils s’analysent pour trouver ce qui ne tourne pas rond chez eux, vous êtes déjà ailleurs. Comme un enfant qui tient votre main et qui découvre un insecte ou une fleur et aimerait en savoir plus. Le dilemme est réel et il hésite entre lâcher votre main ou oublier l’insecte ou la fleur.
Vous devenez la présence capable de les rassurer ou l’absence qui les met face à leur délires. Ils ne rêvent que de l’univers illusoire dans lequel ils vivaient et que, s’ils ne vous avaient jamais rencontré, rien n’aurait changé.
Maintenant, il faut imaginer que, bien que vous pensez que vous avez l’essentiel, vous rencontrez quelqu’un qui a tout ce que vous vous acharnez à atteindre. Votre monde sera-t-il bouleversé au point de vous découvrir dans le même état d’esprit que celui que votre présence indispose ?
Non si, tout au long de votre cheminement intellectuel, vous avez appris que vous ne pouvez être que ce que vous êtes. L’idée que chacun a en lui ce qu’il faut pour être un animal sociable est même la seule issue pour que la diversité devienne une force au lieu d’être l’illusion fallacieuse chez ceux qui se veulent supérieurs.

Ensemble

Il aime à écrire l’amour avec des mots simples, elle aime à l’écouter parler d’amour avec tant de simplicité qu’elle en est émue aux larmes, parfois. Il a pris l’habitude de la regarder au lieu de, simplement la voir. Elle aime son regard chaud qui prend le temps pour lui dessiner son corps. Il préfère l’écouter pour ne rien dire car, pour lui, toute la beauté des sons est dans le mouvement des lèvres. Quand elle lui parle, entre le regard qu’il fixe sur sa bouche et l’air qu’il prend pour l’écouter, elle hésite à croire qu’il sait de quoi elle lui parle.
Qu’importe le destin qu’ils veulent écrire et qu’importe le bonheur qu’ils veulent inventer. Tout ce qui compte c’est cette certitude, pour lui, que le matin, c’est pour elle qu’il se réveille et pour elle, c’est de le retrouver, chaque soir, pour se lover et dormir, protégée par ses bras, jusqu’au matin. Elle ne le réveille pas, elle sait que le froid qui la remplace, quand elle quitte la couche, suffira pour lui rappeler sa soudaine solitude. Il sait, lui, quand vient la nuit, qu’elle ne s’abandonnera au sommeil que quand il sera prés d’elle.
De douces habitudes colorent leurs journées. Comme celle de la surprendre, belle quand elle n’est pas jolie ou heureuse quand elle sait qu’elle ne cesse pas de lui plaire. Ils savent partager le bien et vouloir à tout prix affronter, seul le mal qui peut venir quand la porte s’ouvre au visiteur. Il la protège du regard et elle lui évite de se déranger quand elle peut tout faire.
Il y a longtemps qu’ils avaient, tous les deux et ensemble, compris que le bonheur est un destin qui se fabrique chaque jour et que l’amour est comme une fleur qui dépérit quand on oublie de la voir !

Le bruit des mots

Ah, les mots !
les mots qui tombent
avec fracas, avec douleur,
ceux qui scintillent comme une lumière…
Vérité innocente ou mensonge coupable,
les mots que je n’ose pas dire, ni avouer
comme une pensée qui frétille
dans le vacarme des désirs,
ou les mots qui boitent sans béquille
au milieu des éclats de rire.
Les mots sacrés, debout
comme une mosquée inutile
à cause d’hypocrites prières.
Les mots inconscients et furtifs
qui ravagent l’éclat du sourire,
ceux qui rendent coupable
sans crime, sans péché derrière.
Mots de femmes insolentes
cinglants, meurtriers, inutiles.
Les mots de tous les jours
simples, nus et sans écorchures.
des mots maternels, affectueux
dégoulinant de chaleur ou
des mots paternels, exigeants
avec l’ambition pour couleur.
Les mots qui ne savent pas dire
ce que le cœur, avec brio, dessine.
Mots de colère avec un arrière gout
d’amertume probable ou incertaine.
Les mots qui piquent sans blessure
et qui deviennent des rêves
quand l’amour est au menu.
Les mots chuchotés, murmurés
comme des caresses infinies
qui transforment le corps et l’esprit
en un volcan de désirs et de volupté.
Les mots qu’on ne pense pas
inutiles et maladroites meurtrissures.
Les mots qui pardonnent et oublient
quand l’erreur est involontaire.
Les mots, comme une musique
grattée sur les cordes tendues
par des doigts qui savent avec
une plume, colorer le monde.
Les mots à ne pas dire et ceux
qu’il ne faut jamais dire…
Inutiles dans le langage des yeux
encombrants dans le silence
des amours éternelles !

La mort du poète

Quand je t’ai retrouvé, tu n’étais plus toi-même. Quelque chose a changé en toi. Un peu comme si des fibres se sont brisées. Tu n’as plus cet air, à la fois, heureux et jovial. Aujourd’hui, il semblerait que tu t’es construit une carapace derrière laquelle tu te caches ou tu te réfugies. j’avais compris que le mensonge et la mauvaise foi ont fini par détruire, en toi, cet altruisme qui te distinguait. Tu es devenu une ruine qui attend dans le silence de l’oubli. Comme ces empires qui, après le faste et la fortune, ont périclité jusqu’à devenir poussière.
Tu m’as dis qu’il ne sert à rien de vouloir changer les êtres et les choses, quand leur côté obscur finit toujours par resurgir et triompher mais, que t’importe le sort de ces âmes perdues dans les méandres de la cupidité et l’égoïsme ? Ta fortune est en toi comme une lumière qui éclaire les autres. Tu sais donner un sens au rire pour faire sécher les larmes et, ta présence est pour plusieurs, le salut et l’espoir.
Tu m’as dis que tu ne comprenais pas pourquoi certains dépensaient tant d’énergie pour ce qui leur est offert gratuitement. Tu n’as pas compris que leur orgueil leur interdit de te devenir redevables même quand, pour toi, le geste était d’amitié. Ton seul défaut est de ne rien exiger en échange de la confiance que tu accordes sans te poser de question. Ne vois-tu pas qu’il est tentant de prendre ta confiance pour une reconnaissance de qualités qu’ils n’ont pas ?
Aujourd’hui, tu te condamnes à démissionner de la vie. Désabusé, peut être. Déçu, sûrement mais que trouves-tu dans le silence de ton exil volontaire ?
Je sais, je me rappelle que tu m’as toujours dis que l’homme véritable est celui qui trouve compagnie suffisante en lui-même mais n’est-il pas égoïste de priver la vie de quelques lueurs d’espoir car, à te voir renoncer, tu sembles confirmer que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Si tu crois te punir en te retirant, tu te trompes. Tu sanctionnes ces aveugles qui, grâce à toi, ont appris à regarder et à voir. Un peu comme s’il manquait une pincée de sel au repas le plus raffiné. Tu n’es rien, au fond mais tu as su te rendre indispensable et c’est là, la qualité que j’aimerai voir revenir.
Relève toi car ta défaite ou ton renoncement, c’est le triomphe de la mauvaise foi et de l’apparence. Avec toi, au moins, nous voyions la couleur des fleurs et le parfum des baisers. Avec des mots simples de braves gens, tu as fais chanter les hirondelles et les rossignols et grâce à toi, nous nous sommes aperçus que chacun de nous était beau à sa manière !

La passion, cet absolu désir qu'on ne peut jamais combler quand il a pour moteur l'absence de l'autre.

Jean Royer

Nourr, vous écrivez sur les problèmes persistants et les différences d’idées. Vous êtes correct et très clair dans la description des questions en jeu, il ne nous reste plus qu’à faire travailler toutes les parties et à penser comme une seule si possible. Les gens de nos jours semblent avoir plus de mal à prendre des décisions judicieuses pour le bénéfice de tous, plutôt que les idées plus simples d’il y a des années. J’ai beaucoup aimé votre écriture, cela fait ressortir le vrai goût de la façon dont nous pensons.

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