C'est libre que je suis meilleur

N’en déplaise à certains / Imagerie / Belle, belle, belle / Ecrire (1)

Sa présence suffit pour nous parler de la vie que nous oublions d'aimer.

N’en déplaise à certains

J’ai vu la fleur s’incliner
Le soleil baisser les yeux
Et l’oiseau, se figer…
Elle arrive,
passe et s’éloigne.
Silence absolu
le temps de la voir
le temps de la regarder
Divine dans sa grâce,
légère dans sa démarche
Envoûtante beauté
dans le rythme des pas
qui animent le trottoir.
La rue s’éclaire,
les nuages s’effilochent
et les voix se taisent,
Sa présence suffit
pour nous parler de la vie
que nous oublions d’aimer.
C’est elle, la vie,
dans ce qu’elle a de beau
dans ce qu’elle a de torride
dans ce qu’elle a de froid.
Elle rythme les saisons
quand elle se couvre
quand elle se découvre
quand elle fait semblant
de tout montrer
sans rien laisser voir.
Ils parlent de l’occulter
le voile cache-t-il ses rondeurs ?
Elle suggère sous l’interdit de montrer
ce qu’elle ne peut dire
avec un geste, avec un regard,
sous les cils qui déchirent.
L’hypocrite offense
à la bestialité qui dort
entre le coin d’un œil qui surveille
et la narine qui palpite,
quand elle passe
quand elle dérange
sans vraiment le vouloir.
On l’accuse d’être femme,
d’être trop femme
car l’homme, disent-il
s’interdit le regard
qu’elle réveille sans le vouloir.
Je détourne mon regard
de ce que la bête
fait de l’homme
pour m’oublier dans le vertige
de la hanche qui les dérange.


Imagerie

D’abord,
ce sont les cheveux en fleuve
qui encadrent le visage
Visage plein d’une naïveté presque innocente
et les lèvres qui ne comprennent rien au baiser.
Pourtant, juste à l’étage en dessous,
l’insolence des poitrines qui attirent le regard.
Elle n’était plus jeune et déjà femme
Dans le mouvement qu’elle imprime à sa démarche
dans le regard qu’elle veut curieux
pour savoir jusqu’où elle peut plaire.
Elle ose et aspire à plus de féminité
et le rêve des obscurités chaudes
hante sa tête où bouillonnent les scènes
qu’elle sait voir dans le feuilleton quotidien
que lui sert la boîte à images.
Elle s’imagine héroïne dans des aventures
qu’on invente pour elle. Elle rit, elle pleure
crie et parfois s’énerve
quand le baiser trahit la confiance.
A l’image « Dans le prochain épisode »,
elle se réveille enfin,
revient sur terre pour se mettre à croire
Que l’Amour déchire ses entrailles.
Elle se fabrique l’amant qui libère son corps,
S’imagine harcelée par les regards
De ceux qu’elle veut voir attirés, subjugués
Par la hanche qu’elle sait mouvoir.
Dans son rêve qui prolonge l’histoire
Elle est belle, riche et convoitée
par les princes du golf lointain.
Elle s’offre aux enchères comme une Vénus,
aux formes généreuses, sculptée sur le marbre.
Elle est, peut être, là mais pour elle,
Le salon familial est un palais orné d’or et de rubis,
A ses pieds l’esclave noire lui masse les orteils.
Elle sent le collier de perles irriter son épiderme.
Une main caresse son coup et s’immobilise
serre et serre encore. Elle respire mal, difficilement.
Elle va étouffer, sa main rejette la couverture.
« Une nouvelle crise » se dit-elle en se réveillant.
L’asthme torture ses poumons, la sueur sur le front
et le cœur vide qui palpite.
Sa vie, comme une barque vide
glisse vers l’océan qui s’impatiente !


Belle, belle, belle

Elle était belle
avec ses yeux de gazelle
qui vous racontaient des contes
sans vraiment rien dire.
Quand elle vous touchait du regard
vous deveniez, soudain, transparent
ouvert comme un livre pour enfant,
aussi désarmé qu’un homme nu.
Pendant qu’elle inventait le rire
vous restiez figé, incapable
de reprendre pied sur terre.
Elle en profitait pour vous éblouir
avec le geste qui sonne le glas
à votre conscience déjà à terre.
Vous vous abandonniez, alors,
grisé, converti au charme magique
que dégage son corps.
Le rire sincère et contagieux
les dents alignés pour mordre
la vie et ses plaisirs intenses.
De femme belle, elle devenait ange
pour vous emporter loin, dans le rêve
Vous ne sentez ni le temps couler
ni la douleur qui s’incruste
au fond de votre mémoire
pour vous reprendre à vif
quand elle sera ailleurs.
Des femmes comme elle,
on ne peut, ni les aimer
encore moins s’y attacher
on se contente de rester
à l’ombre de leur démarche
pour cueillir ce qu’elles veulent
bien nous offrir, bien nous donner.
Comme une lumière éclatante
que tout le monde peut voir
son regard embrasse l’horizon
et votre voix est le bruit d’une goutte
dans le vacarme d’un océan.

C'est toujours un plaisir de lire vos textes. Ils sont émouvantes et les descriptions dont tellement subtiles qu'elles font défiler des images et nous emmènent dans un voyage idyllique. MERCI.

Nadia Jdidi

Aux femmes fières

Quand une rose s’ouvre pour accueillir le soleil c’est pour parler avec des odeurs qu’elle, seule, sait faire. Je reste béat devant sa fragilité et je m’étonne quand elle se fane après le passage de l’abeille. Nos fleurs, elles, deviennent plus belles quand elle enfantent dans la joie des femelles accomplies. Comparer une rose à une femme c’est diminuer l’éclat des regards qui ravagent nos volontés et devant les courbes pleines d’une mère heureuse, le jour s‘incline aveuglé par le bonheur qu’elle dégage. Je comprends ceux qui la protègent des regards indignes mais j’exècre ceux qui la mettent en cage pour leur seul plaisir. Elle ne peut s’épanouir qu’en testant sa démarche dans le concert des pas qui peuplent la rue. Elle souffre en silence quand elle ne traîne aucun regard dans son sillage et, doucement le soir, elle réprime les sanglots que les femmes fabriquent dans leur douleur.
Il nous faudra combattre la violence des mots qui laissent sur son épiderme, les blessures des hommes qui ne savent pas encore la voir. Il nous faudra apprendre à contrôler l’arrogance que nous mettons dans nos promesses pour elle. Il nous faudra apprendre à déchiffrer le mystère des lèvres qui tremblent quand elles nous accueillent avec intelligence. Il nous faudra, surtout, déchiffrer l’algèbre de l’Amour qu’elles savent donner avec insouciance.

Ecrire

Tu appuies sur un bouton
et le texte tombe comme un torchon
tu deviens une machine qui distribue
avec une pièce, des friandises.
Certains croient que le verbe vrai
est une femme vénale et soumise
qui se couche à la vue du billet bleu.
D’autres n’hésitent pas à crier
au scandale quand les mots
comme des lames de rasoir
écorchent leur petit confort.
les textes sur commande
c’est la perversion de la pensée.
Comme le discours manipulateur,
il colore le mensonge en chanson.
Si l’écriture est un art subtil
elle reste sensible et versatile
car la muse qui l’inspire
est une femme belle et rebelle.
Ne me demandez pas d’écrire
en étouffant ce magique fluide
qui donne aux mots, cet arôme
qui séduit le coeur et fait rêver.
Les mots que j’utilise et respire,
naissent dans la joie du regard
devant la beauté qui enchante et apaise,
Ils dansent sur les couleurs
et tombent comme un bouquet de fleurs
aux pieds des sources où l’ivresse
se déguise, avec grâce, en volupté.
Des fois, mes mots sont des larmes
qui servent de linceul transparent
aux victimes des injustices humaines.
Je n’en suis ni le maître, ni le serviteur
Telle une brume qui diffuse la lumière
je me laisse traverser sans résister
aux douleurs qui enfantent la pensée.
La douceur ou la violence qui nait
à la fin des lectures volontaires,
c’est ce qui reste à ma conscience
du beau, qui donne aux lèvres
la forme des beaux sourires
du laid l’odeur qui dérange les sourcils.
Ecrire est un acte auquel on peut
donner la forme que l’on veut
mais quand il faut parler d’amour,
de femmes dans les griffes de la douleur
d’enfants piétinés par l’injustice,
ou des vieillards solitaires et oubliés
mon esprit s’ouvre avec bonheur
à cette flamme qui s’élève, avec pudeur
au dessus des ambitions dévorantes
Je ne suis plus, alors, le maître
qui estompe les impacts et les blessures
mais la plume qui parle de la douleur
pour mieux faire comprendre
l’atrocité des injustices indignes.
Certains demandent un peu de douceur…
Magnanimes étaient-ils, les criminels,
quand ils dansaient sur le corps
de leur victime, jetée nue sur le sol ?
L’intensité, quand on dénonce l’erreur,
doit être plus grande que la blessure
sinon le plaisir de la faute dépasserait
celui qu’on prend à réparer les dégâts.
Mon coeur est ainsi et s’il respire,
quand la scène est belle, l’acte enchanteur,
il rugit à la face de l’ignominie abjecte
et la coupable intention de la foi mauvaise.

Au paradis il n’y a que des fleurs
et, même l’épine est au service du regard,
elle empêche la main maladroite
de mal caresser les pétales fragiles.

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